Sans nationalité, des étrangers ont obtenu un passeport algérien : la polémique enfle

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Ce qui semblait être un simple dysfonctionnement administratif s’est finalement révélé être un réseau bien structuré de falsification de documents officiels, dont le passeport algérien pour des étrangers, à la mairie de Djelfa. En ligne de mire : des passeports et cartes d’identité biométriques délivrés à des ressortissants syriens vivant en Algérie, sans que ces derniers ne disposent du certificat de nationalité, pourtant indispensable. Un scandale qui a secoué l’administration publique et mis en lumière des failles profondes dans le système de délivrance de documents officiels.

L’affaire a pris une tournure judiciaire dès le 28 février 2024, lorsque “B. Kh. Abdellah”, chef du service des documents biométriques de la mairie de Djelfa, a déposé une plainte auprès de la police locale. Il venait de découvrir, stupéfait, que des passeports et des cartes d’identité avaient été émis au profit d’enfants syriens n’ayant aucun statut légal de nationalité algérienne. Cette révélation a immédiatement conduit à l’ouverture d’une enquête par le pôle pénal national spécialisé dans les crimes liés aux technologies de l’information et de la communication, sous l’égide du tribunal de Dar El Beïda.

Passeport algérien pour des étrangers : les résultats de l’enquête

Les résultats de l’enquête ont mis en lumière, selon Ennahar, une organisation interne impliquant pas moins de 20 individus, dont 12 sont actuellement détenus à la prison d’El Harrach. La majorité d’entre eux sont des employés municipaux, soupçonnés d’avoir détourné les procédures biométriques à des fins frauduleuses. L’un des éléments les plus accablants reste l’empreinte digitale retrouvée sur la demande de documents du jeune “Chaïeb Ahmed” : elle appartenait à “B. K. Slimane”, un employé du service biométrique, qui aurait sciemment substitué son empreinte à celle du père de l’enfant.

Par ailleurs, une autre anomalie interpelle les enquêteurs : l’inscription manuscrite en rouge “Amira Ben Kenissa – Nationalité”, retrouvée sur le formulaire de “Mohamed Youssef”. Ce détail suggère fortement l’intervention d’un ancien employé, ayant conservé ses accès ou ses relations au sein de l’administration municipale. Les actes de naissance, photos d’identité et groupes sanguins constituaient l’essentiel des dossiers frauduleux, qui ont pourtant été traités sans la moindre vérification de la nationalité.

En tout, ce sont 13 ressortissants syriens – dont 12 enfants nés entre 2010 et 2018 – qui ont obtenu ces documents officiels de manière irrégulière. Les employés impliqués ont tenté de justifier leurs actes en affirmant que les certificats de nationalité seraient fournis ultérieurement. Certains d’entre eux ont même avoué avoir utilisé les comptes et mots de passe de collègues pour introduire les données dans le système national, facilitant ainsi l’édition des pièces biométriques.

La situation a révélé des lacunes criantes dans les mécanismes de contrôle internes. Le chef de service, en découvrant les incohérences dans les dossiers, a rapidement alerté le secrétaire général de la mairie de Djelfa et transmis les preuves au procureur. Des formulaires de demande ont été saisis, et les empreintes analysées ont confirmé la participation directe des employés municipaux, certains allant jusqu’à apposer leur propre empreinte pour valider un dossier.

Face à la gravité des faits, le ministère de l’Intérieur s’est constitué partie civile. Lors de l’audience qui s’est tenue cette semaine, le procureur a requis des peines de prison ferme allant de 2 à 7 ans contre les prévenus. Ils sont poursuivis pour des faits extrêmement sérieux : introduction frauduleuse de données dans un système informatisé, constitution d’association de malfaiteurs, et abus de fonction. Des accusations appuyées par les articles 394 bis 1, 394 bis 3, 394 bis 5 du Code pénal, ainsi que par l’article 33 de la loi sur la lutte contre la corruption.

Il est à noter que, le procès pour cette affaire de passeport algérien et de CNI délivrés à des ressortissants étrangers, n’a fait que commencer, en date d’hier 23 avril 2025. Wait and See, pour le verdict.

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