Dans un geste qui suscite une vive indignation en Algérie, le Sénat français a récemment accueilli Ferhat Mehenni, leader du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), une organisation classée comme terroriste par les autorités algériennes. L’événement s’est déroulé sous l’égide d’une sénatrice du parti Les Républicains (LR), qui a reçu Mehenni et plusieurs membres de son prétendu gouvernement en exil. Cette réception officielle marque un tournant dans la relation déjà complexe entre la France et l’Algérie, ravivant les tensions et relançant le débat sur l’ingérence étrangère dans les affaires algériennes.
Ferhat Mehenni, figure controversée, a fondé le MAK en 2001, dans le sillage des événements du Printemps noir en Kabylie. Se présentant comme un défenseur de l’identité et des droits des Kabyles, il prône l’autonomie de cette région du nord de l’Algérie. Toutefois, pour les autorités algériennes, ce mouvement n’est rien d’autre qu’une menace à l’unité nationale, accusé de fomenter des troubles et de collaborer avec des forces étrangères hostiles à l’Algérie. En 2021, le gouvernement algérien a officiellement classé le MAK comme organisation terroriste, l’accusant d’être impliqué dans des actes de sabotage et de violence.
L’accueil réservé à Mehenni au Sénat français soulève de nombreuses questions, notamment sur les motivations de cette rencontre et sur son impact diplomatique. L’Algérie voit dans ce geste une provocation directe, alors que Paris et Alger tentent depuis plusieurs mois d’apaiser leurs relations après une série de tensions liées aux questions migratoires et aux mémoires coloniales. Cette réception met en lumière un double jeu apparent de la France, qui d’un côté, affiche sa volonté de coopération avec l’Algérie, et de l’autre, ouvre ses institutions à des figures considérées comme dissidentes par Alger.
L’implication d’une sénatrice LR dans cet événement n’est pas anodine. Les Républicains, parti de droite en France, ont souvent affiché une ligne dure sur les questions liées à l’Algérie et à l’immigration. Cet accueil pourrait donc s’inscrire dans une stratégie politique visant à marquer une rupture avec la politique diplomatique officielle du gouvernement français, en envoyant un message de soutien aux groupes autonomistes kabyles.
Les réactions n’ont pas tardé à se multiplier. En Algérie, des voix se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une ingérence flagrante dans les affaires internes du pays. Des responsables politiques et des analystes ont mis en garde contre une instrumentalisation de la question kabyle par certaines puissances étrangères, notamment la France, le Maroc et Israël, qui sont régulièrement accusés de soutenir le MAK en sous-main.
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Les autorités algériennes pourraient bien réagir à cet affront diplomatique en durcissant leur position vis-à-vis de la France. Cette situation pourrait également raviver les tensions autour des questions mémorielles et migratoires, qui restent des points sensibles entre les deux pays.
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Cette affaire pose également la question du soutien occidental aux mouvements séparatistes. Si la France se défend de toute ingérence, l’accueil officiel de Mehenni envoie un signal clair : Paris reste un refuge pour certaines figures de l’opposition algérienne, au risque d’exacerber les tensions diplomatiques. D’un point de vue plus large, cela pourrait donner des arguments aux autorités algériennes pour justifier un contrôle plus strict des activités de la diaspora algérienne en France, en particulier celles soupçonnées d’entretenir des liens avec le MAK.
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La réception de Ferhat Mehenni au Sénat français risque donc de laisser des traces durables dans les relations franco-algériennes. Si certains y voient un geste symbolique en faveur des revendications identitaires kabyles, d’autres considèrent qu’il s’agit d’une provocation inutile et dangereuse. Une chose est sûre : cette rencontre ne passera pas inaperçue et pourrait bien compliquer un peu plus la diplomatie entre Paris et Alger, déjà marquée par de nombreuses turbulences ces dernières années.
Vive l’Algérie unie !