Lors d’un discours prononcé le dimanche 13 avril à Alger, à l’ouverture de la deuxième édition de la rencontre nationale avec les opérateurs économiques, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a livré une intervention saisissante sur l’avenir du tourisme en Algérie, mêlant franc-parler, métaphores inattendues et volonté de rupture. Dans l’enceinte solennelle du Centre international des conférences (CIC), le chef de l’État n’a pas seulement évoqué le tourisme comme un secteur d’activité, mais comme un état d’esprit, une disposition culturelle qui exige, selon lui, une transformation profonde des mentalités.
Le président Tebboune a affirmé que « le secteur du tourisme est ouvert à ceux qui souhaitent y investir », rompant ainsi avec une tradition rigide. Il a balayé l’idée selon laquelle un modèle unique pourrait convenir à tous. « L’ère durant laquelle on imposait aux investisseurs un modèle unique est révolue », a-t-il martelé, comme pour tirer un trait définitif sur une époque marquée par la centralisation et les lourdeurs administratives.
Il a ensuite orienté son propos vers le tourisme saharien, présenté comme le pilier le plus dynamique du moment. Mais là encore, pas question d’appliquer des recettes importées. « Un touriste étranger ne vient pas à Tamanrasset pour séjourner dans un hôtel 5 étoiles, où tout est climatisé… Il vient pour vivre une expérience de dépaysement total », a-t-il souligné avec une précision presque poétique. À ses yeux, l’authenticité des lieux doit primer sur le confort standardisé. L’appel est clair : les investisseurs doivent adapter leurs projets aux réalités du terrain et non l’inverse.
Dans ce même élan, le président a insisté sur la liberté d’entreprendre. L’État, a-t-il dit, jouera son rôle en facilitant l’accueil et en posant un cadre favorable, mais pour le reste, « les investisseurs sont libres ». Une phrase qui sonne comme une invitation à l’audace, mais aussi comme un défi lancé à ceux qui hésitent encore à se lancer dans l’aventure touristique algérienne.
Cependant, Tebboune ne s’est pas arrêté à l’optimisme ou aux promesses. Il a reconnu sans détour que « cela reste insuffisant ». Le progrès dans le secteur existe, certes, mais il est encore loin d’atteindre les ambitions affichées. Pour cela, des efforts supplémentaires sont nécessaires, et pas seulement en matière d’infrastructures. L’essentiel, selon lui, réside dans l’attitude, l’approche humaine et l’ouverture d’esprit.
C’est alors que le président a lâché une déclaration inattendue qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux : « Le tourisme, c’est l’accueil. Car celui qui a la colonne vertébrale rigide ne peut pas faire de tourisme. Il faut donc avoir une colonne vertébrale souple, pour pouvoir être flexible. » Derrière cette métaphore corporelle, Tebboune exprime une idée centrale : le développement touristique repose autant sur la capacité à accueillir avec chaleur que sur les structures bâties en béton. Il faut, dit-il, « céder un peu sur son honneur et sa dignité », sans que cela ne signifie humiliation, mais plutôt ouverture, adaptation, tolérance. « Sinon, à quoi bon faire du tourisme ? », a-t-il lancé, comme une interrogation à tous ceux qui peinent à faire évoluer leurs pratiques.
Ce discours s’inscrit dans un contexte de réforme plus large, notamment sur la question des visas. Le président a rappelé un tournant important : « Avant, on accordait les visas au compte-goutte. Aujourd’hui, le visa est accordé à l’aéroport. » Il qualifie cette mesure de « sacrifice énorme », car elle touche à un élément clé de la souveraineté nationale. Pourtant, elle a été prise en faveur du développement du tourisme, en particulier dans le Grand Sud, et pour donner un souffle économique nouveau aux régions des Hauts Plateaux. « Nous avons décidé de céder sur ce point pour développer le tourisme et pour redynamiser l’économie dans notre grand sud », a-t-il affirmé.
Dans ce discours dense, Abdelmadjid Tebboune a posé les jalons d’un tourisme à visage humain, enraciné dans l’identité algérienne, mais résolument tourné vers le monde. Ses déclarations, à la fois fermes et imagées, laissent entrevoir un cap clair : celui d’un tourisme plus souple, plus libre, mais aussi plus exigeant sur le plan des valeurs. Un appel est lancé, il reste à savoir qui saura y répondre.
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