S’installer en Algérie n’est plus une idée marginale. Longtemps associée à une forme de rupture ou de sacrifice, cette décision prend désormais une toute autre dimension. À mesure que les récits se multiplient, les profils inspirants se démarquent, révélant un retour aux racines qui n’a rien de nostalgique, mais tout d’un choix assumé, réfléchi et résolument tourné vers l’avenir. Rym Bouguetaïa, entrepreneuse et fondatrice de la marque Eryam, en est la preuve. Dans une publication poignante, elle affirme que le retour en Algérie peut encore être synonyme d’échec, mais souligne avec optimisme qu’il redevient une tendance, comme à la fin des années 2000. Les Franco-Algériens sont de plus en plus nombreux à envisager ce grand saut, avec en tête non pas la peur, mais l’élan d’un projet personnel ou professionnel.
Parmi ceux qui ont sauté le pas et choisi de s’installer en Algérie, cinq parcours retiennent l’attention. Cinq exemples concrets qui illustrent la diversité des domaines qui séduisent la diaspora. La santé, d’abord, attire ceux qui veulent mettre leurs compétences au service du pays. C’est le cas de Mansour Kara, qui après de longues années d’études en France, a ouvert une clinique spécialisée en cardiologie à Oran. La « Clinique Kara » devient un point de repère local, et au-delà de son activité médicale, il anime aussi une communauté dynamique sur Instagram via le hashtag #caféscardio, où il soutient les étudiants et jeunes professionnels. À ses côtés, Lamia Mir incarne une autre facette de la santé : celle de l’accompagnement à domicile. Elle a lancé Human Care Santé, un service de soins à la personne à Oran, tout en formant du personnel paramédical, contribuant ainsi à structurer un secteur essentiel mais encore en pleine construction.
L’immobilier aussi fascine. Fodil Mahani, revenu s’installer à Alger après des expériences aux Émirats et en Turquie, s’est spécialisé dans l’investissement immobilier. Son podcast est devenu une véritable plateforme de témoignages, mettant en lumière ceux qui, comme lui, ont choisi l’Algérie pour entreprendre. À Oran, Baghdadi Dja Daouadji suit une trajectoire similaire. Après plus de dix ans en France dans la construction de maisons, il lance Manzeel, une entreprise qui capitalise sur son expertise pour répondre aux attentes d’un marché en forte demande.
La communication, elle, se distingue par son pouvoir de fédérer et de donner la parole. Ouerdia Ousmer, communicante et modératrice, est rentrée à Alger en 2015, après un parcours académique à l’IAE de Paris et une carrière en agences de conseil. Elle fonde TABLE RONDE, sa propre structure, et anime Éclosion Podcast, une série audio qui met en avant les parcours de femmes algériennes inspirantes. Son travail contribue à redessiner les contours d’un paysage médiatique plus inclusif et ancré dans la réalité du pays.
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Le journalisme, quant à lui, attire également les amoureux de l’Algérie authentique. C’est le cas de Zahra, tout juste revenue à Alger après un séjour test de quelques mois. Ancienne journaliste en France, elle documente son retour à travers des vidéos et vlogs partagés sur ses réseaux. Aujourd’hui, elle travaille dans une agence de communication, preuve que les ponts entre les deux rives peuvent aussi passer par la créativité et l’image.
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Enfin, la food culture ne cesse de gagner du terrain. Inès Aktouf, née en Algérie mais ayant évolué dans la mode à Paris, en Espagne puis aux Émirats, a décidé de revenir poser ses valises dans la capitale. Elle ouvre récemment qahwathecoffee, un coffee shop à Alger, lieu chaleureux qui incarne la modernité à l’algérienne, entre esthétique urbaine et ancrage local. Son projet démontre que même les secteurs les plus inattendus, comme la restauration indépendante, peuvent devenir des espaces d’expression et d’innovation.
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Ces cinq parcours ne représentent qu’une infime partie des retours réussis de personnes qui ont choisi de s’installer en Algérie. Comme le souligne Rym Bouguetaïa, beaucoup d’autres ne sont pas présents sur les réseaux, mais incarnent eux aussi cette dynamique. En silence, loin des projecteurs, ils façonnent un nouveau visage de l’Algérie, celui d’un pays que ses enfants n’ont pas oublié, et qu’ils choisissent aujourd’hui de retrouver, non pas par défaut, mais par désir de construire, d’investir et de contribuer. Ce retour, autrefois perçu comme un risque, devient peu à peu une opportunité.