Soins : l’Algérie inflige un nouveau coup dur à la France

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L’Algérie vient d’envoyer un signal fort à la France et aux autres pays accueillant des patients algériens en soins à l’étranger. Désormais, seuls cinq spécialités médicales bénéficieront encore de transferts, une décision qui marque un tournant stratégique dans la politique sanitaire du pays. Cette annonce a été faite par le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, en marge du Séminaire international sur le cœur de l’enfant. Pour lui, cette réduction draconienne des transferts traduit les efforts déployés par l’État pour assurer une prise en charge de qualité sur le territoire national.

La question des transferts médicaux à l’étranger a longtemps été une épine dans le pied des autorités. Coûteuse et révélatrice des failles du système de santé, elle pesait lourdement sur les finances publiques. Pendant des décennies, des milliers de patients d’Algérie, faute d’infrastructures adéquates, étaient contraints de se rendre en France, en Allemagne ou encore en Turquie pour des soins complexes. Mais cette époque semble révolue. L’Algérie, forte de ses avancées médicales et de l’émergence de nouvelles compétences locales, entend désormais prendre en charge ses patients sur place.

Pour le ministre, cette politique s’inscrit dans une vision plus large, celle de la souveraineté sanitaire. Il rappelle d’ailleurs que le président Abdelmadjid Tebboune a fait de cet enjeu une priorité nationale. Désormais, les transferts se limitent aux pathologies les plus complexes, celles que le pays ne peut pas encore traiter de manière optimale. Mais la liste des spécialités concernées se réduit comme peau de chagrin, signe que le système de santé algérien monte en puissance.

L’une des pierres angulaires de cette transformation réside dans la montée en gamme des infrastructures médicales. Le ministre met en avant les nouveaux équipements des hôpitaux de Mahelma et Aïn Benian, spécialisés respectivement dans les maladies cardiaques et la scoliose infantile. Ces établissements sont appelés à devenir des centres d’excellence capables d’offrir des traitements de pointe sans nécessiter un exil sanitaire. De plus, plusieurs autres pôles médicaux d’excellence sont en train de voir le jour, notamment dans le Sud et les Hauts-Plateaux, réduisant ainsi les disparités géographiques dans l’accès aux soins.

Mais au-delà des infrastructures, c’est la formation du personnel médical qui constitue la clé de cette mutation. Les universités algériennes ont redoublé d’efforts pour former une nouvelle génération de spécialistes, capables de rivaliser avec leurs homologues étrangers. Selon les autorités, cette politique commence à porter ses fruits, avec des chirurgiens et médecins hautement qualifiés qui assurent désormais des interventions autrefois impossibles en Algérie.

Dans cette dynamique, la coopération internationale n’est pas en reste. Plutôt que d’envoyer des patients se faire soigner à l’étranger, l’Algérie privilégie une approche inverse : faire venir des experts internationaux pour opérer sur place et transférer leur savoir aux praticiens locaux. Une démarche qui permet non seulement de traiter les cas les plus complexes, mais aussi de renforcer les compétences locales et d’éviter les coûts exorbitants des transferts médicaux. Cette politique de transfert inversé s’inscrit dans une logique d’autonomisation progressive du système de santé.

Le professeur Djamel Eddine Nibouche, président de la commission médicale nationale à la CNAS, confirme cette tendance à El Watan. Selon lui, l’Algérie a réalisé des « progrès colossaux » en matière de chirurgie cardiaque, au point où les adultes ne sont plus envoyés à l’étranger pour ce type d’intervention. Pour les enfants, certaines opérations complexes nécessitent encore des évacuations, mais les efforts se poursuivent pour réduire encore ce besoin. L’objectif final est clair : faire en sorte que plus aucun patient n’ait besoin de quitter le pays pour recevoir des soins.

Soins en Algérie : un énorme coup dur pour la France

Cette réduction drastique des transferts médicaux ne fait pas que des heureux. En France, certains hôpitaux spécialisés qui accueillaient traditionnellement un grand nombre de patients algériens pourraient voir une baisse de leur activité. Les coûts des soins étant souvent pris en charge par l’État algérien, ces établissements perdaient ainsi une manne financière importante. Mais pour l’Algérie, il s’agit avant tout de consacrer ses ressources au développement de son propre système de santé, plutôt que d’alimenter celui d’autres nations.

En filigrane, cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de redéfinition des relations entre l’Algérie et la France. Si les transferts médicaux étaient autrefois une nécessité, ils sont devenus avec le temps un symbole de dépendance. En limitant drastiquement ces évacuations, Alger affirme son autonomie et sa volonté de bâtir un système de santé performant et souverain. Une approche qui, si elle continue sur cette lancée, pourrait faire de l’Algérie un acteur médical de premier plan en Afrique.

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