Un sondage récent mené par l’institut CSA pour CNEWS, le JDD et Europe 1 révèle que 81% des Français soutiennent l’idée de sanctions économiques contre l’Algérie si elle refuse de reprendre ses ressortissants sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Ce chiffre témoigne d’une opinion publique largement favorable à des mesures de rétorsion économiques, dans un contexte où la question migratoire s’impose de plus en plus dans le débat politique.
L’enquête, réalisée les 30 et 31 janvier sur un échantillon représentatif de 1 000 Français, montre que l’adhésion à cette mesure contre l’Algérie est particulièrement forte chez les personnes âgées de 50 ans et plus, avec un taux d’approbation atteignant 87%. En revanche, les 35-49 ans apparaissent comme le groupe le plus partagé, avec 28% exprimant leur opposition aux sanctions. La fracture générationnelle observée sur ce sujet illustre une différence de perception quant à la gestion des flux migratoires et aux relations franco-algériennes.
Au-delà des tranches d’âge, le clivage politique se manifeste également dans les résultats du sondage. Les sympathisants de gauche affichent des positions nuancées : la France Insoumise est divisée à parts égales, avec 50% des sondés favorables et 50% opposés à cette politique. À l’inverse, les électeurs du Parti socialiste (79%) et d’Europe Écologie-Les Verts (70%) semblent davantage enclins à soutenir cette approche. Du côté de la droite, le soutien est nettement plus marqué : les sympathisants des Républicains approuvent cette idée à hauteur de 97%, tandis que 92% des électeurs du Rassemblement National se prononcent en faveur de sanctions. La position des électeurs de Renaissance est également significative, avec un taux d’approbation de 86%, traduisant une adhésion transpartisane à la nécessité d’une réponse ferme aux réticences algériennes.
Cette tension diplomatique entre Paris et Alger s’inscrit dans un contexte où plusieurs affaires impliquant des ressortissants algériens sous OQTF ont alimenté le débat médiatique. L’arrestation début janvier d’Imadtintin, un influenceur algérien interpellé à Échirolles après avoir proféré des menaces d’une extrême gravité à l’encontre d’opposants au régime algérien, en est un exemple marquant. Bien qu’il ait formulé une demande de titre de séjour après son mariage avec une Française, celle-ci a été rejetée en août 2023, et il fait désormais l’objet d’une procédure d’expulsion. Cependant, malgré plusieurs demandes de laissez-passer consulaires adressées aux autorités algériennes, celles-ci n’ont, selon des sources judiciaires, donné aucune suite.
Une autre affaire a récemment renforcé les préoccupations des autorités françaises en matière de gestion des expulsions. Un homme de 25 ans, identifié sous le pseudonyme de « Zazou Youssef », a été arrêté pour avoir appelé à des actes terroristes en France et à des violences en Algérie. Placé en détention provisoire, il doit être jugé le 24 février pour apologie du terrorisme, une infraction qui peut lui valoir une peine de sept ans de prison.
L’efficacité des procédures d’expulsion est un sujet récurrent dans les discussions sur l’immigration. Selon les chiffres rappelés par l’expert en sécurité Claude Moniquet lors d’une intervention sur CNEWS, seulement 22 Algériens sous OQTF ont été effectivement expulsés en 2021, sur un total de 7 700 concernés. Ce taux d’exécution extrêmement bas alimente la frustration d’une partie de la population et des responsables politiques, qui dénoncent le manque de coopération de certains pays dans la reprise de leurs ressortissants en situation irrégulière.
Les résultats de ce sondage confirment donc une volonté majoritaire au sein des Français de voir la France adopter une posture plus ferme face à l’Algérie en matière de politique migratoire.
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