La diplomatie algérienne est montée au créneau ce mercredi 9 avril 2025, à travers un communiqué officiel émanant du ministère des Affaires étrangères, pour réagir fermement aux propos du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Ce dernier, lors d’une rencontre la veille avec son homologue marocain à Washington, a exprimé sans détour le soutien renouvelé des États-Unis (USA) au plan d’autonomie du Maroc concernant le Sahara Occidental. Selon Rubio, cette proposition constitue la seule voie possible pour résoudre le différend qui oppose le Maroc et le Front Polisario, avec l’appui d’Alger. Cette déclaration, bien que s’inscrivant dans la continuité d’une position déjà amorcée sous l’administration précédente, a ravivé les tensions diplomatiques et suscité une réaction immédiate d’Alger.
Dans son communiqué, l’Algérie exprime son profond regret face à ce qu’elle qualifie de confirmation d’une position contraire à la légalité internationale, surtout lorsqu’elle émane d’un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. Le ministère rappelle qu’un tel rôle devrait impliquer un respect scrupuleux des résolutions onusiennes, notamment celles relatives au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’Algérie réitère que la situation du Sahara Occidental reste, en l’état actuel, celle d’un territoire non autonome. Ce statut, défini par la Charte des Nations Unies, implique que la population sahraouie détient encore un droit fondamental à l’autodétermination, un droit selon elle bafoué par l’approche marocaine soutenue par Washington.
Le communiqué ne se contente pas d’exprimer une désapprobation politique de cette manoeuvre des USA avec le Maroc ; il pose également un rappel juridique en citant la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale des Nations Unies, laquelle constitue un texte fondateur en matière de décolonisation. L’Algérie insiste sur le fait que le processus de décolonisation du Sahara Occidental reste incomplet, et que toute solution qui dévierait de cette logique ne saurait être considérée comme conforme au droit international. Cette réaction s’inscrit dans la ligne constante de la politique étrangère algérienne, qui considère le dossier du Sahara Occidental comme un enjeu de principe, au-delà même des considérations géopolitiques régionales.
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Par ailleurs, le communiqué algérien rappelle que toute tentative de règlement qui s’éloigne du cadre onusien ne peut que complexifier davantage un conflit déjà ancien et profondément enraciné. L’Algérie met en garde contre les risques d’une position unilatérale qui pourrait, selon elle, fragiliser les efforts de médiation entrepris sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Elle souligne aussi que cette position américaine n’altère en rien les fondements juridiques et historiques du dossier, tels que reconnus par les instances internationales comme l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité ou encore la Cour internationale de justice.
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La rencontre à Washington entre le secrétaire d’État des USA et le ministre des Affaires étrangères du Maroc n’était pas anodine. Elle s’inscrit dans un contexte de renforcement des relations bilatérales entre Rabat et Washington, avec en toile de fond des intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques dans la région du Maghreb et du Sahel. Cette proximité croissante inquiète Alger, qui y voit un déséquilibre diplomatique nuisible à la stabilité régionale. L’Algérie, tout en réaffirmant son soutien au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, appelle à une reprise du processus de négociation sous l’égide des Nations Unies, dans un cadre impartial et respectueux du droit international.
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Dans ce climat tendu, les positions se figent davantage, laissant entrevoir une période où les rivalités régionales pourraient se durcir. L’Algérie semble vouloir faire entendre sa voix sur la scène internationale, refusant toute lecture partisane du conflit et appelant à une solution juste, durable et conforme aux principes universels du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Tandis que les États-Unis renforcent leur alliance stratégique avec le Maroc, Alger réaffirme ses principes diplomatiques, refusant toute forme d’arrangement qui contournerait la légalité onusienne. Une nouvelle séquence s’ouvre dans ce dossier vieux de plusieurs décennies, où les mots pèsent autant que les actes.