Une affaire troublante, mêlant disparition de mineures, vol familial et tentative d’immigration clandestine, vient de trouver son épilogue grâce à l’intervention rapide de la gendarmerie nationale. Tout a commencé au Square d’Alger, lieu tristement célèbre pour ses activités de change informel. C’est là que trois collégiennes, âgées de moins de 15 ans, ont été repérées après avoir disparu de leurs foyers à Aïn Benian. Leurs familles, affolées, avaient signalé leur absence après qu’elles ne soient jamais arrivées à l’école un jeudi matin.
L’enquête, ouverte par la brigade de la gendarmerie d’Aïn Benian, a rapidement mis en lumière un plan soigneusement élaboré par les adolescentes elles-mêmes. Inspirées ou incitées, elles avaient préparé une fuite vers l’Europe à bord de ce qu’on appelle les “bateaux de la mort”. Pour financer ce projet périlleux, elles n’avaient pas hésité à dérober des bijoux et de l’argent liquide dans leurs propres maisons. Une fois en possession de leur butin, elles se sont rendues au Square d’Alger, ce haut lieu d’échanges où elles ont pu vendre les bijoux volés et convertir les devises. L’une d’elles a échangé des euros, pendant que les deux autres écoulaient les objets de valeur à des changeurs ou receleurs opérant à ciel ouvert. Elles espéraient ainsi réunir entre 200 000 et 800 000 dinars, une somme suffisante pour se payer une traversée illégale.
Le déroulement des faits a rapidement été retracé grâce à des témoignages et des enregistrements. Le contact avec un certain “Anes”, identifié comme intermédiaire entre les adolescentes et un passeur, a été déterminant pour remonter la filière. Selon les dépositions, ce dernier leur aurait proposé un logement temporaire pour la nuit, en attendant le départ. L’une des adolescentes a affirmé que c’est au Square qu’elles ont rencontré “Ch.R.”, qui leur aurait proposé son aide. Il les a ensuite transportées jusqu’à Blida, les logeant provisoirement avant de les accompagner à Bab El Oued. C’est à cet endroit, au moment de rejoindre un point de rassemblement pour l’embarquement, que les forces de la gendarmerie ont procédé à leur interpellation.
L’affaire a été portée devant le tribunal de Chéraga, où trois individus ont été accusés : “Ch.A.”, sa sœur “Ch.S.” et un certain “B.R.”. Ils sont poursuivis pour enlèvement de mineures, incitation au vol et exploitation de la vulnérabilité de jeunes filles âgées de moins de 19 ans. Les accusés ont nié toute implication dans un quelconque réseau structuré. Le principal mis en cause, “Ch.A.”, a reconnu avoir rencontré les jeunes filles au Square Port-Saïd mais a insisté sur le fait qu’il croyait qu’elles étaient majeures. Il a admis avoir eu tort de ne pas signaler leur présence aux autorités mais a réfuté toute intention criminelle. Quant à sa sœur, elle a déclaré avoir seulement partagé un repas avec les jeunes filles à la demande de son frère, sans en savoir plus.
Lors de l’audience, les adolescentes sont apparues aux côtés de leurs parents. Elles ont confirmé qu’elles comptaient fuir en raison de problèmes personnels et avaient économisé en vendant des biens volés. Une somme de 750 000 dinars a d’ailleurs été retrouvée sur l’une d’elles. Le procureur, prenant en compte la gravité des faits et la vulnérabilité des jeunes filles, a requis quatre ans de prison ferme contre “Ch.A.” ainsi qu’une amende de 100 000 DA. Le tribunal, après délibération, a condamné “Ch.A.”, qui a affirmé avoir « rencontré les mineures par pur hasard au Square d’Alger », à un an de prison ferme et à l’amende requise. Sa sœur et le troisième accusé ont été relaxés. Les sommes saisies ont été restituées aux familles, tandis que les adolescentes ont été remises à leurs parents, sous suivi psychologique recommandé.
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