Une affaire d’une ampleur inédite secoue actuellement l’Algérie, mettant en lumière un réseau de contrebande d’or d’une valeur vertigineuse de 1100 milliards de centimes. Ce scandale, qui éclabousse le plus grand marché noir des devises du pays, le Square Port Said d’Alger, est sur le point d’être jugé par la première chambre pénale du Conseil judiciaire d’Alger.
L’affaire implique, selon Ennahar, un total de 50 accusés, dont 22 sont déjà derrière les barreaux à la prison d’El Harrach, tandis que treize autres sont placés sous contrôle judiciaire. Ce réseau, d’une sophistication redoutable, aurait causé d’importants dommages à l’économie nationale, entraînant des pertes massives pour le Trésor public. Les charges retenues contre eux sont lourdes : contrebande d’or, fraude fiscale, blanchiment d’argent et appartenance à une organisation criminelle.
Au cœur de ce scandale se trouve la société « W.Bijoux », spécialisée dans le commerce de métaux précieux. Son propriétaire, un homme âgé de 59 ans résidant à Ben Aknoun, est présenté comme le cerveau de cette organisation. Grâce à des manœuvres habiles, il aurait utilisé le registre de commerce de son entreprise pour importer d’importantes quantités d’or en exploitant les failles de la réglementation des changes. L’or était ainsi acquis au taux officiel avant d’être écoulé sur le marché parallèle, générant des bénéfices colossaux.
L’enquête a révélé un mode opératoire bien rodé. L’or importé était revendu clandestinement au Square Port Said d’Alger, ce qui permettait aux trafiquants de transformer leurs lingots en liquidités. Les gains étaient ensuite déposés sur des comptes bancaires personnels, dissimulés derrière des registres de commerce appartenant à des complices. Certains employés d’une banque nationale auraient facilité ces opérations en manipulant des transactions et en maquillant les flux financiers.
Les premières suspicions remontent à mai 2023, lorsqu’un signalement anonyme a alerté les autorités sur des mouvements financiers douteux impliquant des sociétés de négoce de métaux précieux. Une enquête a alors été diligentée, révélant des transactions suspectes de grande envergure. Les perquisitions menées au domicile des suspects et au siège de l’entreprise incriminée ont permis de saisir des quantités impressionnantes de métaux précieux et de devises.
En tout, 135 kg d’or ont été récupérés, ainsi que 5 milliards de centimes en espèces et 32 000 euros. De plus, les autorités ont ordonné le gel de comptes bancaires d’une valeur totale de 135 milliards de centimes. Cette saisie colossale a confirmé l’ampleur du réseau et son impact désastreux sur l’économie nationale.
L’enquête a également permis de retracer les ramifications de cette organisation criminelle, dont les opérations s’étendaient bien au-delà de la capitale. Des liens ont été établis avec des réseaux opérant dans plusieurs wilayas, notamment Batna, Constantine et Biskra. Ces cellules régionales jouaient un rôle clé dans la distribution et la revente de l’or, permettant au marché noir de prospérer à l’abri des regards indiscrets.
Les documents bancaires analysés par les enquêteurs ont révélé des mouvements financiers dépassant les 1100 milliards de centimes, une somme astronomique qui témoigne de l’ampleur de la fraude. Face à ces preuves accablantes, la justice s’apprête à statuer sur cette affaire qui, au-delà des seuls prévenus, pourrait révéler des complicités insoupçonnées dans les milieux financiers et commerciaux du pays.
Alors que le procès s’ouvrira le 26 mars prochain, l’opinion publique retient son souffle. Ce dossier explosif ne se limite pas à une simple affaire de contrebande : il illustre les failles du système financier algérien et la difficulté des autorités à juguler un marché noir tentaculaire. Les révélations à venir pourraient bien ébranler les cercles influents et forcer une refonte des mécanismes de contrôle et de régulation du commerce des métaux précieux en Algérie.
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