Taclés par Air France, les aéroports de Paris ripostent

Aéroports de Paris JO 2024

Le début de l’année 2025 s’annonce sous tension pour le groupe Air France-KLM. En effet, Benjamin Smith, le directeur général d’Air France-KLM, a pris la parole ce lundi 19 janvier pour exprimer son mécontentement à l’égard d’un acteur clé du secteur aérien : le Groupe Aéroports de Paris (ADP). Le canadien a en particulier critiqué l’inégalité de traitement dont il estime faire l’objet en matière de passerelles pour les avions, en comparaison avec les compagnies étrangères opérant sur les mêmes plateformes. Cette déclaration survient au moment où la transition à la tête d’ADP s’effectue, avec la nomination de Philippe Pascal, le futur PDG, après l’annonce du départ du président actuel, Augustin de Romanet.

Dans cette interview accordée au Parisien, Benjamin Smith a mis en lumière un problème qu’il considère comme crucial pour le bon fonctionnement du groupe : les taux de contact à l’aéroport de Roissy, l’un des plus grands hubs mondiaux. Le directeur d’Air France-KLM a dénoncé la différence de traitement entre sa compagnie et ses concurrents étrangers, notamment les compagnies américaines, qui bénéficient d’un taux de contact proche de 100 % au Terminal 1. Ce taux se réfère à la mise en place de passerelles qui permettent aux passagers de rejoindre directement l’aérogare sans passer par les navettes du tarmac, une commodité qui fait une grande différence pour les voyageurs, mais aussi pour la fluidité des opérations au sol. Selon Benjamin Smith, Air France, opérant principalement à Roissy, ne bénéficie que d’un taux de contact fluctuant entre 85 % et 90 %, une situation qu’il qualifie d’injuste, d’autant plus que l’État français est actionnaire majoritaire des aéroports de Paris.

Le groupe Aéroports de Paris a réagi promptement à ces accusations, en soulignant que les données relatives aux taux de contact pour Air France sont, dans l’ensemble, supérieures à celles des autres compagnies présentes à Paris-Charles-de-Gaulle. Selon un communiqué du groupe, 90 % des gros porteurs et 88 % des moyens porteurs d’Air France bénéficient d’une passerelle directe, des chiffres qui sont légèrement au-dessus de la moyenne des autres compagnies opérant sur l’aéroport. Le Groupe ADP a ainsi estimé qu’Air France jouissait d’une attention particulière sur ce point, contrairement à ce que suggérait le patron du groupe aérien. Cette réponse met en lumière un désaccord fondamental entre les deux parties concernant les priorités opérationnelles à l’aéroport de Roissy.

Les critiques de Benjamin Smith ne se limitent toutefois pas aux questions de logistique au sol. Il a également évoqué la compétitivité de son groupe dans un environnement de plus en plus difficile. Il déplore l’avantage concurrentiel dont bénéficient certaines compagnies, comme celles du Golfe, qui bénéficient de conditions fiscales plus favorables, notamment en ce qui concerne la taxation du kérosène. De même, il cite les compagnies à bas coût comme Ryanair et easyJet, qui, selon lui, disposent de conditions sociales plus souples et ainsi, d’un coût d’exploitation moins élevé. Ces facteurs expliquent selon lui, la difficulté d’Air France à se maintenir à flot face à ses rivaux. Ce constat est d’autant plus préoccupant pour Air France-KLM que le groupe a récemment observé une chute significative de son action, atteignant son plus bas historique, en baisse de 35 % par rapport à l’année précédente.

La nomination de Philippe Pascal à la tête d’ADP marque une étape importante dans la relation entre les deux groupes. Ce dernier aura pour tâche de rétablir un climat de collaboration avec Air France, un partenaire stratégique incontournable pour le gestionnaire des aéroports parisiens. Le volume de trafic généré par Air France, avec plus de 600 vols quotidiens, représente près de la moitié du total des mouvements à Roissy, ce qui donne à la compagnie aérienne un poids considérable dans la gestion de l’aéroport. Il est donc crucial que les deux acteurs trouvent un terrain d’entente afin de ne pas nuire à l’efficacité du hub parisien, un des plus fréquentés d’Europe.

Alors que l’industrie aérienne mondiale continue de se redresser après la pandémie et que des enjeux majeurs comme la transition énergétique et la décarbonation du secteur prennent de l’ampleur, la coopération entre les différents acteurs du transport aérien semble plus essentielle que jamais. Les tensions entre Air France et ADP ne sont qu’un des nombreux défis auxquels les acteurs de ce secteur devront faire face dans les mois à venir.

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