Un moment de forte tension a éclaté mardi 18 mars 2025 entre le premier ministre François Bayrou et son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, lors d’une réunion organisée à Matignon pour harmoniser la position du gouvernement sur le port du voile dans le sport. Ce sujet sensible, qui divise au sein de l’exécutif, a donné lieu à un échange pour le moins musclé, au point que Retailleau, piqué au vif, a menacé de quitter la séance.
Les tensions se sont cristallisées lorsque François Bayrou, d’une voix autoritaire, a lancé un retentissant « Tais-toi » à son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier, visiblement agacé par la remarque, a esquissé un mouvement pour quitter la salle avant que le premier ministre ne le rattrape de justesse et ne le persuade de rester. Un incident qui en dit long sur les frictions internes au sein du gouvernement. Derrière cette confrontation, ce sont les dissensions persistantes sur la place du voile dans les compétitions sportives qui refont surface.
Cette question hautement sensible a été ravivée par la proposition de loi du sénateur LR Michel Savin, qui vise à interdire tout signe religieux dans l’ensemble des compétitions sportives, y compris au niveau amateur. Un projet soutenu par Bayrou et plusieurs membres du gouvernement, dont Aurore Bergé, ministre de l’Égalité, qui a réitéré mardi devant l’Assemblée nationale la volonté de l’exécutif de lutter contre «toute forme d’entrisme islamiste».
Si, sur le fond, Retailleau partage la ligne du gouvernement, c’est la manière dont la discussion a été menée qui semble avoir échaudé le ministre de l’Intérieur. Son positionnement est d’autant plus scruté qu’il est en compétition avec Laurent Wauquiez pour la présidence du parti Les Républicains (LR). Ce dernier n’a d’ailleurs pas tardé à réagir, fustigeant l’attitude du premier ministre et appelant au respect des ministres issus de sa famille politique. « La droite républicaine ne participe pas au gouvernement pour se taire et gérer le crépuscule du “en même temps” macroniste », a-t-il publié sur le réseau social X.
Cet affrontement expose une nouvelle fois les fractures internes à la majorité présidentielle, tiraillée entre les exigences de la droite et la volonté de maintenir un équilibre précaire. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a d’ailleurs tenté de minimiser l’incident en qualifiant l’exécutif de « polyphonie », une façon d’assumer publiquement la diversité des sensibilités en son sein.
Pour l’heure, cette tension ne semble pas remettre en cause l’adhésion du gouvernement à la proposition de loi Savin, qui devrait être examinée prochainement au Parlement. Mais l’épisode laisse planer un doute sur la cohésion de l’équipe ministérielle et pourrait bien résonner au-delà de Matignon, dans une classe politique toujours plus polarisée sur les questions de laïcité et d’identité nationale.
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