Au Centre international des conférences Abdelatif Rahal, la rencontre tenue ce jeudi entre le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et les opérateurs économiques, a été l’occasion d’aborder des dossiers sensibles, allant du commerce intra-africain aux questions liées aux importations, mais aussi d’évoquer un sujet directement en lien avec le quotidien des citoyens : l’allocation touristique. C’est dans ce cadre que Tebboune a prononcé une phrase qui a marqué les esprits : « l’allocation touristique était de l’ordre de 80 euros, c’était une insulte pour le citoyen algérien souhaitant passer des vacances à l’étranger ». Pour le chef de l’État, cette somme dérisoire ne reflétait ni la dignité des voyageurs ni le rôle que doit jouer l’État dans l’accompagnement des citoyens à l’international. Il a rappelé dans la foulée que ce montant avait été porté à 750 euros, soit presque dix fois plus que le montant initial, permettant ainsi de voyager dans de meilleures conditions et d’éviter l’humiliation que pouvait constituer la faiblesse de cette dotation.
Cette déclaration s’inscrit dans un contexte plus large, celui de la consolidation du succès de la quatrième édition de la Foire internationale du commerce intra-africain (IATF-2025), organisée du 4 au 10 septembre 2025 à Alger, et qui a généré des retombées considérables pour le pays. Mais au-delà des chiffres liés à l’économie, Tebboune a tenu à insister sur la dimension sociale, rappelant que les décisions économiques doivent aussi avoir un impact direct sur la vie des citoyens. L’allocation touristique, devenue un symbole du lien entre politique économique et quotidien des familles, a été replacée au cœur du débat. Tebboune a martelé à plusieurs reprises que cette révision à la hausse n’était pas un privilège, mais un droit, estimant qu’il n’était pas question de priver le citoyen de son confort lorsqu’il voyage à l’étranger.
Cette rencontre a également été marquée par une série de consignes adressées aux responsables du gouvernement, notamment au Premier ministre et au ministre du Commerce extérieur. Tebboune a insisté sur l’importance de garantir l’approvisionnement en intrants pour l’industrie nationale. Selon ses termes, « la matière première est la priorité des priorités ». Il a ajouté que les opérateurs ne devaient en aucun cas voir leur production ralentir à cause de blocages administratifs. « Je ne veux pas qu’une usine baisse son chiffre d’affaires parce qu’elle a été empêchée d’importer la matière première », a affirmé le président avec fermeté, en donnant l’instruction claire de doubler les volumes d’importation si nécessaire pour respecter les engagements commerciaux de l’Algérie avec ses partenaires africains.
Le succès de l’IATF a été largement mis en avant par le chef de l’État, qui a rappelé que cette quatrième édition avait permis la conclusion de contrats d’une valeur totale de 48,3 milliards de dollars, dont 11,4 milliards au profit direct de l’Algérie, sans compter les négociations en cours représentant 11,6 milliards supplémentaires. Pour Tebboune, ces résultats confirment que l’Algérie s’impose comme une plateforme incontournable dans les échanges africains et internationaux. Dans cette logique, il a annoncé que la commission de suivi des résultats de l’IATF sera prochainement rattachée aux services du Premier ministre afin de renforcer le contrôle et d’assurer la concrétisation effective des contrats signés.
L’allocution du président a aussi été l’occasion de revenir sur les ambitions industrielles du pays. Tebboune a réaffirmé son objectif de porter à 13 % la contribution de l’industrie au PIB, contre seulement 3 % en 2019, rappelant que ce taux atteignait 18 % en 1972 avant de s’effondrer. Ce redressement passe selon lui par une meilleure compétitivité du produit algérien, qui a désormais acquis une réputation de qualité sur le marché africain. Les secteurs prioritaires mentionnés incluent l’agroalimentaire, la pharmacie, la chimie et l’électroménager.
En parallèle, le président a évoqué l’importance des mesures prises pour fluidifier les procédures administratives liées aux importations. Il a rappelé l’instruction transmise en juillet par l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (ABEF) qui exige des banques d’accepter les programmes prévisionnels d’importation portant uniquement la signature du ministère du Commerce extérieur. Cette mesure vise à alléger les lourdeurs bureaucratiques qui freinaient le traitement des dossiers et retardaient les transferts de devises nécessaires aux importations. Pour de nombreux opérateurs économiques, cette décision représente un progrès concret, simplifiant une étape cruciale dans le processus d’importation.
Le volet social n’a pas été oublié lors de cette rencontre. Tebboune a tenu à rappeler avec force que l’État restera attaché à la gratuité de l’enseignement. « L’Algérie ne renoncera pas à la gratuité de l’enseignement », a-t-il affirmé, soulignant que ce choix a un coût élevé pour le budget national, mais qu’il s’agit d’un acquis fondamental qu’il n’est pas question de remettre en cause. Il a rappelé les efforts réalisés pour éradiquer l’analphabétisme, qui touchait près de 90 % de la population au lendemain de l’indépendance.
Dans le même esprit, Tebboune a insisté sur le fait que l’économie nationale était « sur la bonne voie », en rappelant que la réussite de l’IATF constituait une preuve tangible de cette dynamique. Il a salué les efforts conjoints de l’ensemble des secteurs économiques, du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), des services de sécurité et des cadres du commerce extérieur, qui ont tous contribué au bon déroulement de cet événement d’envergure continentale.