Europe – Valdis Dombrovskis, le commissaire européen au commerce, a récemment exprimé ses inquiétudes concernant la décision de l’Algérie d’attribuer exclusivement la certification des produits halal à la Grande Mosquée de Paris (GMP). Cette mesure, instaurée en juin 2023, a suscité un vif débat au sein des cercles commerciaux européens et algériens, et met en lumière les tensions croissantes autour des normes de certification dans un marché globalisé.
L’Algérie, en prenant cette décision, a imposé de nouvelles conditions aux exportations de produits halal en provenance de l’Union européenne. Ce changement a été perçu comme une réponse à des préoccupations internes concernant la qualité et la fiabilité des produits halal sur son marché. Cependant, cette initiative n’a pas été accueillie favorablement par la Commission européenne. Dombrovskis a souligné les « graves impacts » que cette politique pourrait avoir sur les exportations agroalimentaires vers l’Algérie, mettant en avant les effets négatifs qu’elle pourrait engendrer sur le commerce avec l’UE.
En réponse à une question d’un eurodéputé, le commissaire a révélé que la Commission avait tenté à plusieurs reprises de dialoguer avec les autorités algériennes. « Nous avons exprimé nos préoccupations sérieuses au sujet de cette mesure, les invitant à la reconsidérer », a-t-il déclaré. Cela montre à quel point la question de la certification halal dépasse les simples considérations commerciales pour toucher à des enjeux diplomatiques plus larges.
Tensions Algérie Europe sur la viande Halal : la GMP réagit fermement
La réaction de la GMP ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué publié le 20 septembre, le recteur Chems-eddine Hafiz a exprimé son « étonnement » face aux commentaires de Dombrovskis, les qualifiant d’avis qui « ne semblent pas éclairés par la réalité du terrain ». La GMP a rappelé qu’elle avait été mandatée par les autorités algériennes, soulignant le caractère souverain de cette décision. Ce point est crucial, car il souligne la volonté de l’Algérie de réguler un secteur essentiel tout en respectant ses propres choix politiques.
La Grande Mosquée de Paris a également insisté sur le fait qu’elle respecte les réglementations en matière de droits français, algérien et européen, ainsi que les principes de concurrence. « À ce jour, aucune entreprise européenne bénéficiant de notre certification ne s’est plainte de la qualité de nos services », a-t-elle affirmé, se posant ainsi en défenseur de son rôle dans le cadre des échanges commerciaux.
De plus, la Grande Mosquée de Paris se félicite des améliorations apportées à la certification halal, qui, selon elle, ont permis de structurer et de contrôler plus efficacement les produits halal importés en Algérie. « Nous avons remédié à certains dysfonctionnements causés par les sociétés de certification du passé », a-t-elle ajouté, soulignant ainsi sa volonté d’apporter un niveau de confiance accrue aux consommateurs algériens.
Ce débat met également en lumière la dynamique complexe entre l’Algérie et l’Union européenne. Les relations commerciales, particulièrement dans le secteur alimentaire, sont souvent entremêlées de considérations culturelles et politiques. La GMP a souligné qu’elle est en contact régulier avec la Commission européenne, mentionnant une réunion qui a eu lieu à Alger en février dernier, en présence des conseillers économiques des ambassades des États membres de l’Union européenne. Selon elle, aucune objection n’a été formulée lors de cette rencontre, et elle a même constaté une « convergence d’opinion » sur divers points.
Tout en contestant fermement les déclarations de Dombrovskis, la GMP a exprimé son souhait de maintenir un dialogue constructif et transparent avec la Commission européenne. Cette ouverture au dialogue est essentielle dans un contexte où les enjeux de certification halal sont non seulement économiques, mais aussi socioculturels.
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