Le réseau social TikTok, véritable phénomène mondial, pourrait-il voir ses jours comptés en Algérie ? C’est en tout cas la crainte qui grandit depuis l’intervention récente du député Abdelbasset Bouhali. Ce parlementaire, affilié au parti El-Moustakbal, a saisi officiellement le Premier ministre Nadir Larbaoui pour demander l’interdiction pure et simple de l’application chinoise sur le territoire national. Dans une question écrite adressée au chef du gouvernement, il met en avant une série d’arguments liés à la sécurité, à la morale et à la stabilité sociale.
TikTok, qui séduit particulièrement les jeunes Algériens, est accusé par le député de représenter un danger croissant. Les contenus viraux qui y circulent, en particulier les fameux « challenges », sont au cœur de ses préoccupations. Ces défis, souvent absurdes ou dangereux, sont selon lui à l’origine de comportements à risque chez les adolescents, qui n’hésitent pas à se filmer en train de réaliser des actions imprudentes pour récolter des « likes » ou augmenter leur audience. Abdelbasset Bouhali met en garde contre l’effet de mimétisme et la banalisation de pratiques qu’il juge périlleuses, expliquant que certains jeunes usent d’objets tranchants, de produits inflammables ou se filment en situation de mise en danger volontaire, uniquement pour se faire remarquer.
Au-delà de l’aspect physique et sécuritaire, le député insiste aussi sur l’impact sociétal de l’application. Il alerte sur l’utilisation massive de TikTok par des mineurs, ce qui favoriserait selon lui une exposition précoce à des contenus inadaptés. Ces vidéos, parfois à caractère provocateur, véhiculeraient des messages qu’il estime en contradiction avec les valeurs culturelles et religieuses de la société algérienne. Il évoque également la prolifération de fausses informations, la glorification de comportements déviants, et la dégradation de l’image de certains symboles sociaux.
Pour Abdelbasset Bouhali, le blocage de TikTok en Algérie ne serait pas un simple acte de censure, mais une mesure de prévention face à une influence jugée néfaste sur les plus jeunes. Il appelle les autorités à se pencher sérieusement sur les mécanismes permettant de réguler ou d’interdire l’accès à cette application, en s’inspirant d’autres pays qui ont déjà pris des mesures restrictives à son égard. Cependant, cette proposition se heurte à des obstacles juridiques majeurs. Le cadre législatif algérien ne permet pas aujourd’hui de suspendre une plateforme numérique de manière unilatérale, sauf en cas de menace grave avérée, et dans des conditions très strictes prévues par la loi.
Malgré cela, les voix s’élèvent. L’appel de Bouhali trouve un certain écho auprès de segments conservateurs de la société, qui dénoncent depuis plusieurs mois une « dérive morale » sur les réseaux sociaux. Des vidéos en direct, parfois jugées indécentes ou choquantes, circulent abondamment et nourrissent un sentiment d’exaspération chez une partie des internautes. Ces derniers pointent du doigt un manque de contrôle et s’interrogent sur l’absence d’une régulation efficace dans le paysage numérique algérien.
Si l’avenir de TikTok reste incertain en Algérie, ce débat révèle en filigrane une tension croissante entre la modernité numérique, portée par une jeunesse avide de liberté d’expression et de création, et les préoccupations plus conservatrices d’une partie de la classe politique. Il met également en lumière l’urgence pour les pouvoirs publics d’établir une stratégie claire sur la gestion des contenus en ligne, tout en préservant les libertés individuelles et les principes constitutionnels. Pour l’heure, aucune décision officielle n’a été prise, mais la question est désormais posée, et pourrait bien figurer à l’agenda politique dans les mois à venir.
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