Le traitement réservé aux étrangers vivant en France, et en particulier aux demandeurs d’un titre de séjour, fait aujourd’hui l’objet d’une vive interpellation à Emmanuel Macron. Dans une tribune publiée ce dimanche 6 juin dans La Tribune, plus de 60 élus, militants associatifs et responsables politiques, dont Fatima Ogbi, Olivier Faure et Benoît Hamon, s’unissent pour dénoncer une situation qu’ils jugent indigne de la République. Leur cri du cœur s’adresse à Emmanuel Macron pour que soit enfin reconnu le droit fondamental d’un accès équitable au titre de séjour, droit que beaucoup de personnes étrangères attendent, parfois depuis des décennies.
Sur l’ensemble du territoire, des hommes et des femmes, bien qu’intégrés dans la société française, continuent à vivre dans une instabilité administrative permanente. La simple obtention ou le renouvellement d’un titre de séjour est devenu un chemin de croix. Depuis la généralisation de la plateforme ANEF en 2021, les démarches liées au titre de séjour, censées être facilitées par la dématérialisation, se sont en réalité complexifiées, créant une véritable fracture entre l’administration et ses usagers. C’est à Emmanuel Macron que les signataires adressent leur alerte, dans l’espoir que cette problématique du titre de séjour devienne enfin une priorité républicaine.
Rendez-vous inaccessibles, récépissés qui n’arrivent jamais, dossiers égarés, recours non traités : ce sont les symptômes récurrents d’un système qui semble désormais dysfonctionner profondément. Le titre de séjour, qui devrait être un document administratif accessible, est devenu un objet d’angoisse pour de nombreuses familles. Certaines perdent leur emploi ou leur logement faute de réponse. D’autres, malades ou âgées, ne peuvent plus effectuer la moindre démarche. Et pourtant, ces personnes travaillent, paient des impôts, élèvent des enfants souvent devenus citoyens français. Pour beaucoup, la France est le seul pays qu’ils connaissent vraiment.
La Défenseure des droits, dans son rapport du 11 décembre 2024, évoque des « atteintes massives aux droits des usagers ». Des associations comme la Cimade, le GISTI ou la Fédération des acteurs de la solidarité tirent depuis longtemps la sonnette d’alarme. Les tribunaux administratifs sont débordés par des recours qui témoignent d’une perte de confiance dans un service public devenu opaque. Les signataires de cet appel à Emmanuel Macron rappellent que l’accès au titre de séjour ne devrait pas être une épreuve d’endurance, mais un droit inscrit dans l’État de droit. Ils soulignent que la République ne peut continuer à demander des efforts d’intégration tout en érigeant des murs administratifs infranchissables.
L’épuisement humain est palpable. Il ne s’agit plus simplement d’un manque d’efficacité, mais d’une véritable souffrance imposée à des personnes dont l’histoire s’est construite ici. La peur permanente d’être expulsé, l’angoisse de voir sa situation se précariser du jour au lendemain, sont devenues des réalités pour des milliers de résidents étrangers. L’accès au titre de séjour est devenu une sorte de loterie. Ce que dénoncent les signataires, c’est un système qui relègue ces femmes et ces hommes à la marge, qui les prive de leur dignité. Face à cette injustice, ils interpellent Emmanuel Macron une fois encore, pour que le titre de séjour retrouve son sens premier : sécuriser la présence sur le territoire de personnes établies et intégrées.
Parmi les personnalités ayant cosigné l’appel figurent des sénateurs, des députés, des maires, des conseillers régionaux et départementaux, mais aussi des responsables associatifs engagés au quotidien auprès des personnes en difficulté. Toutes et tous demandent solennellement à Emmanuel Macron de remettre de l’humanité, de la clarté et de l’égalité dans la gestion du titre de séjour. Ils appellent à un service public du séjour accessible, compréhensible, bienveillant. Ils refusent que le titre de séjour soit un instrument d’exclusion, et souhaitent qu’il devienne à nouveau un outil de stabilité et d’intégration.
L’appel est lancé. Reste à savoir si Emmanuel Macron entendra ce cri, et si la République saura réparer ce qu’elle a brisé, en faisant du titre de séjour un droit effectif pour toutes celles et ceux qui ont choisi de construire leur vie en France.