Le débat sur l’immigration prend une nouvelle tournure au Royaume-Uni avec l’annonce d’un projet de durcissement des conditions d’accès à la résidence permanente. Les titres de séjour au Royaume-Uni deviennent désormais le centre d’une stratégie politique qui vise à réduire l’immigration légale, en instaurant des critères beaucoup plus stricts qu’auparavant. L’annonce a été faite par Shabana Mahmood, nouvelle ministre de l’Intérieur, qui présentera officiellement ses propositions lors d’un discours attendu à Liverpool. Selon elle, obtenir un titre de séjour permanent au Royaume-Uni nécessitera désormais de prouver une véritable contribution à la société britannique. Le durcissement des règles s’inscrit dans un climat politique tendu, où l’immigration reste un sujet central des débats publics.
Jusqu’à présent, accéder à un titre de séjour permanent au Royaume-Uni était possible après cinq années de travail continu ou grâce à un lien familial établi, comme un conjoint ou des parents installés dans le pays. Ce statut conférait des droits essentiels : la possibilité de vivre, de travailler, d’étudier et d’accéder aux aides sociales. Mais les chiffres récents montrent une forte augmentation : en 2024, pas moins de 163 000 personnes ont obtenu un titre de séjour permanent au Royaume-Uni, soit une hausse de 35 % en un an. Face à cette progression jugée préoccupante, le gouvernement britannique veut serrer la vis et doubler la durée de résidence nécessaire, la faisant passer de cinq à dix ans.
Les nouvelles conditions envisagées pour les titres de séjour au Royaume-Uni sont particulièrement contraignantes. Les candidats devront désormais justifier d’un haut niveau d’anglais, démontrer qu’ils disposent d’un emploi stable et qu’ils ne dépendent pas des aides sociales. Ils devront aussi prouver qu’ils n’ont pas de casier judiciaire et qu’ils cotisent régulièrement à l’assurance nationale. Autre nouveauté imposée par Shabana Mahmood : les demandeurs devront s’engager dans des activités bénévoles locales, une manière de montrer leur intégration et leur volonté de contribuer activement à la communauté. Le message est clair : les titres de séjour au Royaume-Uni ne seront plus seulement liés à la durée de résidence, mais à la preuve tangible d’une implication dans la société.
Ce projet de réforme survient alors que le parti d’extrême droite Reform UK, en pleine ascension dans les sondages, propose une ligne encore plus radicale. Ses dirigeants ont promis que s’ils arrivaient au pouvoir, ils supprimeraient purement et simplement le titre de séjour permanent, obligeant tous les migrants, y compris ceux déjà régularisés, à renouveler leur visa tous les cinq ans. Une proposition qui a suscité une vive polémique et qui pousse le gouvernement actuel à afficher une politique ferme pour ne pas se laisser dépasser sur sa droite. Keir Starmer, Premier ministre, a dénoncé cette proposition de Reform UK, la qualifiant « d’immorale et de raciste », en expliquant qu’il serait dangereux de s’en prendre à des personnes déjà établies légalement dans le pays.
Dans ce contexte, le discours de Shabana Mahmood à Liverpool sera scruté de près. Nommée récemment ministre de l’Intérieur, elle veut marquer son territoire et montrer qu’elle ne reculera pas face à la question migratoire. Son plan consiste à convaincre l’opinion publique que le Royaume-Uni garde la maîtrise de ses frontières et de son système de régularisation. La ministre prévoit d’affirmer qu’elle n’hésitera pas à appliquer des mesures dures pour limiter le nombre de titres de séjour permanents. L’enjeu est aussi électoral, puisque l’immigration est devenue l’un des thèmes les plus sensibles de la politique britannique.
Cette annonce survient dans un contexte où le Royaume-Uni fait face à un autre défi : l’immigration illégale. Depuis le début de l’année 2025, plus de 33 000 migrants ont atteint les côtes anglaises à bord d’embarcations de fortune, un chiffre record pour cette période. Cette pression supplémentaire pousse le gouvernement à agir sur les deux fronts : contrôler les arrivées illégales et encadrer plus sévèrement l’immigration légale. Les titres de séjour permanents au Royaume-Uni deviennent ainsi l’objet d’un contrôle accru, car ils symbolisent la porte d’entrée vers une installation durable dans le pays.