Le transfert de devises depuis la France vers l’Algérie représente une préoccupation majeure pour la communauté algérienne établie à l’étranger, notamment dans l’Hexagone, où réside une large diaspora. Conscient des difficultés liées aux transferts bancaires traditionnels, le gouvernement algérien semble préparer une réforme majeure qui pourrait faciliter l’envoi d’argent vers le pays.
Mercredi dernier, Sofiane Chaib, Secrétaire d’État chargé de la communauté nationale à l’étranger, a reçu Lahouari Rahali, Directeur général de la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), afin de discuter de solutions novatrices visant à moderniser et simplifier le processus de transfert de devises. L’une des principales pistes évoquées concerne la création de succursales bancaires algériennes à l’étranger, notamment en France. Ce projet, s’il voit le jour, permettrait aux Algériens résidant en France de bénéficier de services bancaires plus fluides et mieux adaptés à leurs besoins.
Actuellement, les méthodes de transfert de devises de France vers l’Algérie les plus utilisées par la diaspora algérienne sont souvent informelles. De nombreuses personnes confient leurs euros à des intermédiaires en France, qui s’occupent ensuite de les convertir en dinars et de les remettre à leurs proches en Algérie. Cette pratique, bien qu’efficace, reste risquée et non réglementée. D’autres préfèrent voyager eux-mêmes avec des liquidités en euros pour les changer une fois sur place. Cependant, cette option présente des limitations légales, avec des montants restreints autorisés lors des voyages. Enfin, certains optent pour des virements bancaires classiques vers des comptes en devises en Algérie. Or, ces transactions sont souvent jugées lentes, coûteuses et parfois compliquées par des démarches administratives exigeantes.
Dans cette perspective, la mise en place de succursales bancaires algériennes en France permettrait de contourner ces difficultés en offrant des services directs et sécurisés de transfert de devises à destination de l’Algérie. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large visant à inciter les Algériens de l’étranger à investir en Algérie et à contribuer au développement économique du pays. En effet, au-delà de la simplification des transferts d’argent pour les dépenses quotidiennes de leurs proches, cette initiative pourrait aussi favoriser le financement de projets d’entrepreneuriat et d’investissement en Algérie.
Les pouvoirs publics algériens semblent déterminés à concrétiser ce projet, suivant ainsi les directives du président Abdelmadjid Tebboune, qui insiste sur l’amélioration des relations entre l’État et sa diaspora. Cette dernière, forte de plusieurs millions de personnes, joue un rôle économique et culturel essentiel dans les relations entre l’Algérie et les pays d’accueil, en particulier la France.
Si l’annonce de l’éventuelle ouverture de filiales bancaires à l’étranger est une avancée prometteuse, elle soulève encore de nombreuses questions : quels seront les délais de mise en place de ce système ? Quels seront les taux de change appliqués et les frais bancaires associés ? Comment ces banques assureront-elles la transparence et la sécurité des transactions ? Autant de points qui devront être clarifiés pour rassurer une diaspora habituée à des circuits alternatifs de transfert de fonds.
Dans l’attente de développements concrets, cette initiative marque une volonté affichée de modernisation et de rapprochement entre l’Algérie et sa diaspora. Reste à voir si cette mesure saura répondre aux attentes des Algériens de France et si elle contribuera à renforcer la confiance dans le système bancaire national.
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