Transferts de devises en Algérie : le Procureur général enfonce une banque

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Le dossier judiciaire impliquant le réseau transfrontalier de la banque en ligne « Paysera » connaît un nouveau tournant en Algérie. Le procureur général près la Cour d’Alger a réclamé un durcissement des peines à l’encontre des 12 accusés impliqués dans des transferts massifs de devises depuis l’Algérie vers l’étranger. Au cœur de cette affaire, la société privée OGS, spécialisée dans l’exploitation de centres d’appels, s’est révélée être un agent clandestin et illégal de la banque lituanienne fictive « Paysera » sur le territoire algérien. Le tribunal a fixé la date du 19 mars pour rendre son verdict.

Lors des audiences devant la chambre criminelle de la Cour d’Alger, les prévenus ont été confrontés à de lourdes accusations, selon Echourouk. Parmi elles, la violation de la réglementation sur les changes et les mouvements de capitaux, l’absence d’autorisations officielles, ainsi que l’exportation et l’importation de fonds en dehors des circuits bancaires conventionnels. D’autres chefs d’inculpation pèsent sur les accusés, notamment le blanchiment d’argent, la fraude fiscale via l’utilisation de fausses factures et l’exploitation illégale d’une institution financière étrangère sans agrément officiel.

Transferts de devises depuis l’Algérie : les prévenus nient en bloc

Face à ces accusations, les prévenus ont nié en bloc toute implication dans un quelconque schéma frauduleux. Leur défense s’est appuyée sur l’argument que « Paysera » n’est pas une banque à proprement parler, mais plutôt une application de type « portefeuille électronique » permettant d’effectuer des transactions à distance. Malgré cette démarche, le procureur général a maintenu sa position et exigé des peines plus lourdes à l’encontre des accusés.

Lors du premier jugement rendu le 1er octobre dernier par le pôle pénal économique et financier de Sidi M’hamed, M. Mounir et S. Karim, les gestionnaires de la société OGS, avaient été condamnés à 4 ans de prison ferme et à une amende de 33 millions de dinars chacun. Quant à Kostas Noreika, directeur général de « Paysera », il avait écopé de 5 ans de prison avec une amende de 66 millions de dinars, assortie d’un mandat d’arrêt international.

Les autres prévenus avaient reçu des peines variant entre un an de prison ferme et un an de prison avec sursis. En outre, la société OGS avait été sanctionnée par une amende de 133,54 millions de dinars, tandis que les entreprises « Paysera LT » et « Paysera LTD » s’étaient vues infliger chacune une amende de 133,584 millions de dinars.

Le tribunal avait également ordonné aux condamnés de verser 300 000 dinars à la Banque d’Algérie et 200 000 dinars au Trésor public. Par ailleurs, la société OGS devait s’acquitter d’une amende supplémentaire d’un million de dinars au profit de la Banque d’Algérie et d’un million de dinars en faveur du Trésor public. De leur côté, « Paysera LT » et « Paysera LTD » avaient été condamnées à verser chacune 5 millions de dinars à la Banque d’Algérie et 500 millions de dinars au Trésor public.

Cette affaire met en lumière les risques liés aux transactions financières transnationales et à l’utilisation de services non réglementés. Alors que le débat sur la légalité des plateformes de paiement électronique prend de l’ampleur, la justice algérienne entend durcir sa politique de lutte contre les circuits financiers parallèles. Le verdict final attendu ce mardi 19 mars devrait marquer une étape décisive dans cette affaire aux ramifications complexes.

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