Un acteur mondial veut assembler des remorques et des grues en Algérie

Un acteur mondial veut assembler des remorques et des grues en Algérie

Un projet d’envergure est en gestation en Algérie, porté par un acteur industriel mondialement reconnu pour sa spécialisation dans la fabrication de remorques et d’équipements lourds. Lors du Forum d’affaires algéro-brésilien organisé à Alger, les discussions ont ouvert la voie à des investissements concrets, notamment dans l’assemblage de remorques et la production de grues pour camions. Cet événement, qui a réuni plus de 24 entreprises étrangères, a permis aux opérateurs économiques des deux pays d’évaluer les opportunités réelles de coopération industrielle et commerciale, avec pour toile de fond une volonté partagée de créer des plateformes industrielles solides en Algérie.

Le forum, organisé en partenariat entre l’Agence brésilienne de promotion du commerce (APEX Brasil), le ministère brésilien des Affaires étrangères, l’ambassade du Brésil à Alger et le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), visait à renforcer les liens bilatéraux sur des bases concrètes. Le projet le plus marquant discuté lors des négociations concerne l’établissement d’une usine d’assemblage de remorques en Algérie, un partenariat entre la société Randon, leader mondial dans la fabrication de remorques, et son partenaire local KNH.

Cette unité industrielle, une fois lancée, aura pour mission de produire une large gamme de remorques adaptées aux besoins du marché algérien, dont des remorques à plateau, des modèles surbaissés, des citernes et des remorques couvertes. Le projet ne se limite pas à l’importation de composants prêts à monter : il vise aussi à intégrer progressivement des pièces fabriquées localement afin d’augmenter le taux d’intégration industrielle. Ainsi, la plateforme industrielle envisagée permettra non seulement la production de remorques en Algérie mais renforcera également la chaîne d’approvisionnement locale, favorisant la création d’emplois directs et indirects dans le secteur de l’industrie mécanique.

Lors de ses échanges avec la presse, Rodrigo Três, représentant de Randon, a souligné que la société est prête à déposer une demande officielle auprès du ministère algérien de l’Industrie pour faire valider son activité. Il a précisé que Randon produit actuellement environ 150 remorques par jour dans ses différentes usines réparties entre l’Argentine, les États-Unis et d’autres marchés stratégiques. L’ambition est aujourd’hui de faire de l’Algérie une plateforme industrielle d’assemblage de remorques pour l’ensemble du continent africain.

Ce projet vient renforcer une dynamique bilatérale déjà bien engagée entre l’Algérie et son partenaire. Les chiffres témoignent d’une croissance significative des échanges, atteignant 4,32 milliards USD en 2024, soit une hausse de 13,68 % par rapport à l’année précédente. Le Brésil s’impose ainsi comme le sixième partenaire commercial de l’Algérie et son quatrième fournisseur. Mais au-delà des simples chiffres, l’objectif affiché par les responsables est clair : transformer ces échanges en investissements structurants et durables.

Dans cette perspective, le forum a permis d’explorer d’autres axes de coopération dans des secteurs stratégiques comme les pièces de rechange automobiles, les moteurs, l’agriculture, l’agroalimentaire, l’aéronautique et la santé. Les responsables présents ont également insisté sur la nécessité d’instaurer un cadre juridique fiable pour sécuriser les investissements, à travers des accords bilatéraux en cours de négociation.

La directrice générale de l’investissement industriel au ministère algérien de l’Industrie a rappelé à cette occasion les réformes engagées pour attirer les capitaux étrangers, en citant notamment la nouvelle loi sur l’investissement et les mesures facilitant l’accès au foncier industriel. Elle a insisté sur les opportunités offertes dans l’industrie mécanique, précisément dans l’assemblage de remorques, secteur dans lequel l’Algérie souhaite renforcer sa souveraineté industrielle.

Le directeur général de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), Chakib Smaïl Kouidri, a, quant à lui, mis en avant le potentiel de l’Algérie pour devenir une passerelle vers les marchés africains. Selon lui, les plateformes industrielles que des partenaires internationaux souhaitent établir en Algérie, notamment dans la production de remorques, répondent à une logique économique continentale et à une ambition partagée de développement industriel régional.

Le projet d’assemblage de grues pour camions, mentionné par l’ambassadeur du Brésil en Algérie, fait lui aussi partie des initiatives en cours de discussion. Il s’agira d’un complément stratégique à la production de remorques en Algérie, en apportant une solution intégrée au transport et à la logistique industrielle. Ces équipements lourds seront destinés à répondre à la demande croissante en matière de transport de marchandises, de travaux publics et de logistique pétrolière, des secteurs clés pour l’économie nationale.

En parallèle aux annonces officielles, des rencontres B2B ont été organisées entre les opérateurs économiques des deux pays. Ces échanges ont mis en lumière un intérêt commun à développer des filières industrielles localisées, capables de répondre à la demande intérieure et d’alimenter les marchés voisins. Les discussions sur les remorques ont occupé une place centrale, notamment sur les aspects techniques, logistiques et réglementaires liés à leur production en Algérie.

À travers ce projet de plateforme industrielle, l’Algérie ne se contente pas de recevoir un investissement ponctuel : elle cherche à construire un écosystème industriel autour des remorques, en associant formation, innovation et développement de la sous-traitance locale. En misant sur ce partenariat avec un acteur mondial, le pays entend consolider sa base industrielle et inscrire ses efforts dans une logique de développement durable.