Un expert propose son plan pour « fermer le square Port-Saïd et sauver le dinar »

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Le marché parallèle des devises, symbolisé par le square Port-Saïd à Alger, continue de représenter un défi majeur pour la stabilité économique de l’Algérie. Ce lieu, devenu emblématique de l’activité informelle des changes, voit chaque jour des transactions de devises se dérouler à des taux bien supérieurs à ceux du marché officiel, accentuant la pression sur le dinar et alimentant l’instabilité financière. Dans ce contexte, l’économiste Abderahmi Bessaha a présenté une série de mesures destinées à « fermer le square Port-Saïd » et à restaurer un cadre réglementaire transparent pour les échanges monétaires. L’objectif affiché est de réduire le rôle du marché parallèle et de rétablir la confiance dans la monnaie nationale.

Au cœur de la proposition de Bessaha, qu’il a détaillé au cours d’un entretien accordé à Maghreb Emergent, se trouve la création d’une plateforme d’enchères centralisée pour le marché des devises. Cette plateforme permettrait de remplacer les pratiques opaques et les quotas restrictifs qui alimentent le square Port-Saïd et ses activités parallèles. Grâce à un système moderne d’enchères, les banques et les entreprises auraient un accès direct aux devises au taux de marché, tandis que les particuliers pourraient effectuer leurs transactions via des bureaux de change régulés et alignés sur cette plateforme. Le mécanisme proposé vise à rapprocher progressivement les taux officiels et ceux pratiqués dans le square Port-Saïd, tout en assurant la transparence et la régulation des flux financiers.

Bessaha insiste sur le fait que cette plateforme seule ne suffira pas. Pour que l’initiative réussisse, elle doit s’accompagner d’un renforcement de la discipline budgétaire. L’économiste souligne que la poursuite de la création monétaire pour financer les déficits publics constitue un facteur clé de la pression sur le taux de change parallèle et entretient la dépendance vis-à-vis du square Port-Saïd. Il préconise une réduction graduelle du déficit budgétaire, l’adoption d’un cadre pluriannuel pour la gestion des finances publiques et le rétablissement de l’indépendance de la Banque d’Algérie afin de renforcer la crédibilité du système financier national.

Un autre aspect crucial de la réforme proposée par Bessaha concerne l’économie informelle, moteur essentiel du square Port-Saïd. Selon ses estimations, près de 30 % du produit intérieur brut algérien échappe au contrôle fiscal et bancaire, alimentant un marché parallèle florissant. Pour endiguer ce phénomène, Bessaha recommande la digitalisation des paiements, l’élargissement de la bancarisation et la modernisation des services fiscaux afin de canaliser les transactions vers les circuits officiels. L’objectif est de réduire progressivement le rôle du square Port-Saïd comme centre névralgique du marché noir des devises.

L’économiste met également l’accent sur la nécessité d’une stratégie coordonnée et de long terme, intégrant politiques monétaires, budgétaires et de change. Il souligne que la fermeture du square Port-Saïd et la réduction des écarts entre les marchés officiels et parallèles ne peuvent réussir sans une diversification économique, un climat des affaires favorable et une lutte contre la corruption qui entrave l’efficacité des réformes. Ces mesures, selon lui, permettraient de renforcer la confiance des acteurs économiques et de stabiliser durablement le dinar.

Bessaha conclut que l’objectif ultime n’est pas seulement de « fermer le square Port-Saïd », mais de créer un système intégré et transparent où les devises circulent selon des règles claires et équitables. La mise en œuvre cohérente de cette approche pourrait devenir un levier stratégique pour sortir l’économie algérienne de la crise actuelle, réduire la dépendance aux hydrocarbures et offrir aux ménages et aux entreprises un cadre stable pour leurs opérations financières.