Un nouveau deal Algérie – Italie va faire grincer les dents de la France

Italie Algérie

Dans un climat géopolitique tendu où les relations entre la France et l’Algérie traversent une phase critique, l’Algérie et l’Italie viennent de poser un jalon énergétique majeur susceptible de bouleverser les équilibres régionaux. Le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies Renouvelables, Mohamed Arkab, a tenu vendredi à Sorrente, en Italie, une réunion stratégique avec Nicola Monti, directeur général du géant énergétique italien Edison. L’objectif affiché : discuter d’un projet de liaison électrique directe entre l’Algérie et l’Italie. Ce deal, en gestation mais porteur d’énormes implications, pourrait bien reléguer la France au second plan, au grand dam d’une diplomatie déjà fragilisée.

Dans les couloirs feutrés du Forum international « Vers le Sud », qui réunit à Sorrente des décideurs européens autour des enjeux méditerranéens, l’Algérie et l’Italie ont saisi l’opportunité d’approfondir une coopération énergétique déjà dense. Les PDG de Sonatrach et Sonelgaz étaient présents aux côtés de l’ambassadeur d’Algérie en Italie et du consul général d’Algérie à Naples, preuve que l’Algérie prend très au sérieux ce rapprochement stratégique avec l’Italie. Le projet de liaison électrique directe, qui connecterait physiquement le réseau algérien au réseau italien, marque un tournant technologique et diplomatique. Grâce au potentiel colossal de l’Algérie en matière d’énergies renouvelables, ce câble transméditerranéen placerait l’Italie en première ligne des bénéficiaires d’une électricité propre et continue. L’Algérie, de son côté, renforcerait sa position en tant que fournisseur d’énergie incontournable pour l’Europe.

Ce partenariat entre l’Algérie et l’Italie dépasse la simple dimension énergétique. Il s’inscrit dans une stratégie méditerranéenne plus large, qui semble progressivement éclipser le rôle traditionnel de la France dans la région. À un moment où les relations France – Algérie sont en panne sèche, plombées par une série d’expulsions de diplomates et des tensions persistantes, ce nouvel axe Alger-Rome risque de réveiller des susceptibilités à Paris. La France observe, impuissante, un partenaire historique se tourner vers une autre puissance européenne avec des projets d’une portée technologique et géopolitique inédite.

Les discussions entre l’Algérie et l’Italie ne se sont pas limitées au projet de câble électrique. Elles ont englobé la commercialisation du gaz naturel, le développement de l’hydrogène vert, le renforcement du transport électrique et la coopération dans la fabrication d’équipements énergétiques. À travers Sonatrach et Sonelgaz, l’Algérie élargit son spectre de partenariats, et l’Italie, en misant sur cette diversification, s’assure un accès privilégié aux ressources du sud de la Méditerranée.

Autre sujet majeur abordé : le projet du « Corridor Sud » pour l’exportation d’hydrogène vers l’Europe. Ce corridor pourrait devenir une autoroute énergétique verte reliant l’Algérie à l’Italie et, par extension, au reste du continent. Dans un contexte de transition énergétique mondiale, l’Algérie joue ici une carte stratégique qui positionne l’Italie comme relais européen de premier plan.

L’échange a également porté sur des projets de coopération Sud-Sud dans le cadre du « Plan Mattei », une initiative italienne visant à soutenir le développement des pays africains en leur apportant expertise, financement et transfert technologique. L’Algérie, par sa position géographique et son rôle de leader énergétique, se positionne en pont naturel entre l’Europe et l’Afrique.

Les deux parties ont salué le niveau de confiance et de transparence mutuelle entre Sonatrach et Edison, et exprimé une volonté affirmée de renforcer davantage cette relation. Tandis que l’Algérie et l’Italie alignent leurs stratégies énergétiques, la France risque de regarder depuis les gradins un match qu’elle dominait autrefois.

Dans ce nouvel échiquier énergétique, l’Algérie affirme son indépendance, le pays du sud de l’Europe diversifie son approvisionnement, et la France, elle, pourrait bien devoir rebrancher ses câbles diplomatiques pour rattraper le courant.