« Un peu de Gazouz » : après avoir voté contre la libération de Boualem Sansal, Rima Hassan nargue l’extrême droite

Rima Hassan

Le 23 janvier 2025, une décision du Parlement européen a provoqué de vives réactions et division parmi les eurodéputés. Lors de la session, une résolution a été adoptée pour demander la libération de l’écrivain Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis près de 70 jours. Si la majorité des groupes politiques européens ont soutenu la résolution, un petit nombre d’élus ont pris position contre ou se sont abstenus, suscitant une vague de débats et de critiques. Parmi ces opposants se trouvait Rima Hassan, eurodéputée du groupe des Verts/ALE, dont le vote a fait l’objet d’une attention particulière, à la fois pour ses arguments et pour la vidéo qu’elle a publiée ensuite sur les réseaux sociaux.

La résolution du Parlement européen a été largement adoptée, avec 533 voix pour, 24 contre et 48 abstentions. Elle réclamait la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal, condamnant son arrestation sur le fondement de l’article 87 bis du code pénal algérien. Cet article, qui sanctionne l’atteinte à l’intégrité territoriale du pays, a été invoqué après les propos de l’écrivain sur la colonisation française en Algérie. L’écrivain, âgé de 75 ans, avait été arrêté en novembre 2024 et son état de santé fragile a rendu sa détention particulièrement préoccupante, entraînant des appels à organiser une mission médicale pour évaluer sa condition.

Alors que la majorité des eurodéputés soutenaient la demande de libération de Sansal, Rima Hassan, elle, a choisi de voter contre cette résolution. Sur les réseaux sociaux, elle a rapidement expliqué son choix et la raison de son opposition. Elle a justifié son vote par une analyse qui va au-delà de la simple question de la détention de l’écrivain, pointant des aspects politiques et idéologiques qu’elle juge problématiques. Selon elle, Boualem Sansal n’aurait pas été arrêté pour ses écrits en tant qu’écrivain, mais pour des prises de position sur la colonisation qui, selon elle, relèveraient davantage d’un discours idéologique de type extrémiste, plutôt que d’un message littéraire. Elle a souligné que ses thèses identitaires, comme celles sur le grand remplacement, ainsi que ses critiques de l’immigration, faisaient de lui une figure proche de l’extrême droite, et que ses prises de position politiques étaient en dehors du cadre de la liberté d’expression.

Hassan a également dénoncé le contexte dans lequel la résolution a été mise en avant. Elle a affirmé que la demande de libération de Sansal avait été impulsée par une coalition de la droite et de l’extrême droite au Parlement européen, ce qui, selon elle, avait contribué à instrumentaliser la situation à des fins politiques. L’eurodéputée a mis en avant les amendements qui avaient été ajoutés au texte, notamment ceux abordant des sujets comme l’immigration algérienne ou la remise en question des accords UE-Algérie. Pour elle, cette démarche était une tentative d’ingérence dans les affaires internes de l’Algérie, utilisant la situation de Sansal pour des fins diplomatiques et idéologiques.

Ce vote et ses justifications ont entraîné une série de critiques de la part de certains de ses collègues, notamment ceux de l’extrême droite, qui ont dénoncé son manque de solidarité avec un auteur emprisonné pour ses idées. Mais Rima Hassan, fidèle à son tempérament, n’a pas tardé à répondre avec un geste audacieux. Après ses explications écrites, elle a partagé une vidéo sur son compte Twitter dans laquelle elle se moque de ses détracteurs de l’extrême droite. La vidéo montre un extrait d’une émission populaire, où Tonton Daoud fait une réplique célèbre : « Un peu de gazouz, un peu de limonade ». Le geste était une façon ironique de se défendre, tout en narguant ses critiques, et a alimenté les discussions sur la manière dont elle abordait les attaques contre elle.

En dépit des vives réactions suscitées par son choix, Rima Hassan reste convaincue que la question de la détention de Boualem Sansal ne doit pas être vue uniquement sous l’angle de la liberté d’expression. Pour elle, la politique et les valeurs doivent être prises en compte, et elle considère que certaines actions peuvent être jugées en dehors des normes acceptables de la démocratie. Son vote contre la résolution et son message à travers la vidéo reflètent donc une position qu’elle assume pleinement, même si elle ne fait pas l’unanimité.

Lire également :

Aéroport international d’Alger : « 99% des voyageurs ne savent pas que… »

Véhicules de moins de 3 ans en Algérie : ce qu’espère le gouvernement

C’est officiel, l’Algérie va lancer la production d’hélicoptères