Dans la paisible commune de Meftah, nichée dans la wilaya de Blida, un drame familial a surgi comme un éclair dans un ciel d’apparente normalité, faisant basculer l’ordinaire dans l’horreur. Le 8 avril dernier, une tragédie d’une ampleur insoutenable s’est déroulée dans le quartier résidentiel d’El Safsaf, où la vie d’une mère et de sa fille de huit ans a été brutalement arrachée, laissant derrière elle un sillage de stupeur et de douleur. L’auteur présumé de ce double meurtre n’est autre que le père de famille, un policier en fonction à Jijel, ville du nord-est de l’Algérie, et ancien époux de la victime, aujourd’hui placé sous mandat de dépôt et poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation.
La victime, B. Tounes, venait tout juste d’être mutée de Jijel à Blida, où elle exerçait en tant que directrice du lycée Madi. Après avoir sollicité un transfert en raison de circonstances personnelles difficiles, elle s’était installée depuis deux mois dans un appartement AADL, accompagné de ses trois enfants. Malgré une séparation entérinée par la justice, le lien parental entre les anciens conjoints persistait, notamment par la présence ponctuelle du père auprès de ses enfants. Derrière cette façade de civilité post-divorce, se cachaient toutefois des tensions profondes, des différends anciens et, selon certaines sources, un déséquilibre mental latent chez l’ancien mari.
Le jour du crime, plusieurs témoins rapportent la présence étrange du policier aux abords de la résidence. Le gardien, intrigué par son attitude nerveuse et par la présence d’un objet suspect dans ses mains, prend l’initiative d’alerter les forces de l’ordre. Cette précaution, bien que louable, arrive malheureusement trop tard. Le suspect réussit à s’introduire dans le logement, et l’attaque devient d’une violence inqualifiable. Sa cible principale, son ex-femme, est égorgée à l’aide d’un couteau de grande taille, dans ce que les premiers éléments de l’enquête qualifient de guet-apens. Sa fille de huit ans, présente sur les lieux, ne sera pas épargnée. Victime d’un étranglement fatal, la fillette asthmatique succombe sans défense à la fureur de son père policier transformé en bourreau, suscitant l’émoi dans toute l’Algérie.
La brutalité de l’acte, combinée au fait que son auteur soit un représentant de la loi, provoque un véritable séisme émotionnel. Le calme apparent du suspect après le double meurtre, sa fuite discrète, et son interpellation le lendemain, laissent entrevoir un scénario planifié, méthodiquement exécuté. Le parquet de Larbaâ, en charge du dossier, appuyé par les premiers rapports d’enquête, confirme rapidement le caractère prémédité des faits. La justice s’active désormais à rassembler l’ensemble des preuves, à interroger les témoins et à comprendre comment un tel drame a pu se produire sans qu’aucun signal d’alerte n’ait été sérieusement pris en compte.
Au-delà de la tragédie, cette affaire soulève des interrogations profondes et troublantes. Comment une personne investie d’un devoir de protection peut-elle se muer en assassin ? Quels dispositifs sont réellement en place pour encadrer les séparations à haut risque ? La surveillance psychologique des membres des forces de l’ordre est-elle suffisamment rigoureuse ? Cette affaire, au-delà de l’horreur, devient un miroir sombre tendu à la société tout entière. Elle révèle des failles criantes, celles de l’indifférence, de l’inaction, et parfois, de l’aveuglement face aux signes avant-coureurs d’un passage à l’acte.
Les habitants de Meftah, choqués, témoignent d’un quotidien brisé. Les collègues de la défunte, tout juste arrivée dans la région, parlent d’une femme discrète, sérieuse et dévouée. À travers les réseaux sociaux et les médias locaux, la solidarité s’exprime, mais aussi l’indignation. Le crime, aussi personnel soit-il, prend une dimension nationale. Il incarne une réalité dont beaucoup préfèrent détourner le regard, celle de la violence domestique qui se prolonge au-delà du divorce, et qui, parfois, s’achève dans le sang.
L’affaire du crime commis par ledit policier est désormais entre les mains de la justice en Algérie. Mais pour les proches de la victime, pour ses élèves, pour ses enfants survivants, et pour toute une nation abasourdie, le choc restera ineffaçable. Le nom de B. Tounes s’ajoute à une trop longue liste de victimes d’une violence sourde, souvent tue, parfois ignorée, mais qui finit toujours par éclater avec fracas.
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