C’est une différence de prix qui fait réagir de nombreux consommateurs : un simple produit vendu 0.40 euro en France se retrouve affiché à près de 3 euros en Algérie. Il ne s’agit pas d’un article de luxe ni d’un bien rare, mais d’un produit très banal, accessible à tous en Europe : le croissant fourré au chocolat de la marque Milka. En France, ce produit est disponible dans la plupart des grandes surfaces, vendu à l’unité ou en sachet, souvent placé à côté des viennoiseries industrielles. Mais une fois arrivé, de manière informelle, sur le marché algérien, ce même produit devient un petit luxe réservé à quelques consommateurs curieux ou nostalgiques des saveurs européennes.
Le produit, bien connu pour son goût sucré et sa texture moelleuse, coûte moins d’un demi-euro en France, soit environ 100 dinars algériens. Pourtant, en Algérie, ce même produit est proposé à un prix atteignant parfois 800 dinars, ce qui équivaut à environ 3 euros. Ce décalage surprend et interroge : comment un produit aussi simple et bon marché en France peut-il coûter autant en Algérie ? La réponse se trouve dans le circuit complexe des importations, des taxes, et surtout dans l’économie parallèle qui s’est créée autour de certains produits européens.
En raison des restrictions imposées par les autorités algériennes sur l’importation de produits dits « non essentiels », de nombreux articles du quotidien, notamment ceux d’origine alimentaire, n’arrivent plus légalement sur le marché national. Ce contexte a ouvert la voie à un commerce informel où certains revendeurs profitent de la forte demande pour proposer ces produits à des prix exorbitants. Ainsi, le produit Milka vendu en France à 0.40 euro devient un symbole de rareté en Algérie, où il se transforme presque en article de prestige.
Dans plusieurs villes algériennes, on retrouve ces croissants Milka vendus à la pièce dans des petites boutiques ou sur les réseaux sociaux, souvent importés dans les valises des voyageurs ou ramenés par des proches vivant en France. Ces produits, transportés en petites quantités, échappent aux circuits officiels. Une fois sur place, leur revente est assurée par un bouche-à-oreille efficace et une clientèle fidèle. Le produit, pourtant banal en France, prend une autre dimension en Algérie : il devient un plaisir rare, un petit morceau de France qu’on savoure au prix fort.
Les différences de pouvoir d’achat accentuent encore plus ce contraste. En France, acheter ce produit à 0.40 euro ne représente aucune dépense significative. Mais en Algérie, débourser 3 euros pour un simple croissant au chocolat représente une somme importante, presque équivalente au prix d’un repas complet. Pourtant, cela ne semble pas freiner certains consommateurs, prêts à payer cher pour retrouver le goût familier d’un produit qu’ils ont connu lors de séjours à l’étranger ou qu’ils voient circuler sur les réseaux sociaux.
Ce phénomène n’est pas isolé. D’autres produits venus de France connaissent le même sort en Algérie : biscuits, barres chocolatées, pâtes à tartiner ou boissons. Tous partagent une caractéristique commune : leur prix se multiplie dès qu’ils franchissent la Méditerranée. Mais le cas du croissant Milka illustre parfaitement cette réalité économique et culturelle. Il montre à quel point un simple produit de France peut, une fois arrivé en Algérie, devenir une denrée presque symbolique, vendue à un tarif qui défie toute logique.
Cette situation révèle aussi la persistance d’un lien fort entre la France et l’Algérie dans le domaine de la consommation. Malgré les restrictions, la demande reste vive pour les produits français, perçus comme synonymes de qualité et de confiance. Le produit Milka vendu 0.40 euro en France et revendu à 3 euros en Algérie incarne ainsi une double réalité : celle d’un marché intérieur limité par les politiques d’importation, et celle d’un attachement persistant à des marques étrangères qui évoquent un certain mode de vie.
Entre les frontières administratives et les frontières gustatives, le consommateur algérien paie finalement bien plus qu’un simple croissant. Il paie le prix de la rareté, de la nostalgie, et parfois même du rêve d’une France où le même produit ne coûte que 0.40 euro.