Un produit banal vendu 1,29 € en France, commercialisé à 9500 dinars en Algérie

Algérie France produit

Un produit courant, banal, voire anodin, vendu aux États-Unis et disponible en France à un prix modique, connaît en Algérie une flambée tarifaire qui ne laisse personne indifférent. Le cas évoqué ici illustre de manière saisissante le fossé entre les marchés, les perceptions et les pratiques commerciales. Il s’agit des chips américaines Cheetos, importées des USA, proposées en France à 1,29 euro chez Auchan, mais affichées en Algérie à 9500 dinars algériens, l’équivalent de 37 euros au taux de change informel. Cette différence de prix entre la France, l’Algérie et les États-Unis suscite un véritable tollé en ligne.

Le produit, pourtant standard dans la grande distribution en France, devient en Algérie un symbole de déconnexion totale entre l’offre et la réalité du pouvoir d’achat local. Pour beaucoup d’Algériens, voir un produit venu des USA, vendu en France pour moins de 2 euros, proposé à un tarif aussi exorbitant en Algérie, soulève plus que de l’indignation : cela provoque la moquerie, la colère, et surtout l’incompréhension.

Ce n’est pas la première fois qu’un commerçant de « cabas » basé en Algérie est au centre d’une telle polémique. Déjà, quelques heures auparavant, le même vendeur avait créé l’émoi en annonçant la disponibilité du chocolat Misterbeats à 11.000 dinars, soit environ 42 euros, alors qu’il est vendu à 3 euros chez Carrefour en France. Ce type d’initiative commerciale, qui consiste à importer de manière informelle des produits pour les revendre en Algérie à des prix décuplés, sans réelle justification logistique ni qualitative, tend à se répéter, provoquant un profond malaise auprès des consommateurs.

En France, ce genre de produit reste à la portée de tous, dans les rayons des supermarchés, souvent même en promotion. En Algérie, l’effet est inverse : ce même produit devient un objet de distinction sociale, réservé à une infime minorité prête à payer un prix absurde, juste pour goûter une saveur « américaine ». L’importation de produits des USA, qu’on retrouve en France à des prix bas, se heurte en Algérie à des logiques de marges excessives, de rareté artificielle et de marketing agressif, détaché des réalités économiques du pays.

Les réactions des internautes ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, les captures d’écran de l’annonce du paquet de chips à 9500 dinars ont circulé en masse. Les moqueries fusent, certains comparent le prix à celui d’un panier entier de courses en France, d’autres ironisent sur le fait que les chips seraient dorées à l’or fin.

Le contraste entre la France et l’Algérie en matière d’accès aux produits importés devient ici criant. Un produit des USA, acheté à bas prix en France, peut-il être justifié à 9500 dinars en Algérie, quand aucune transformation, aucune valeur ajoutée locale ne vient en expliquer le surcoût ? Le débat se pose avec acuité, d’autant que les produits concernés ne sont ni rares, ni de luxe dans leur pays d’origine. Ce simple paquet de chips révèle ainsi les déséquilibres d’un marché algérien où les produits importés deviennent des objets de spéculation.

À travers ce cas, l’Algérie se confronte à une problématique plus large : la régulation des prix des produits importés de manière informelle, que les commerçants introduisent via la France pour ensuite les revendre à des tarifs jugés indécents. Sans encadrement, ces pratiques risquent de se multiplier, creusant encore l’écart entre les attentes des consommateurs et la réalité du marché. La France, souvent utilisée comme pont d’entrée pour ces produits venus des USA, se retrouve involontairement impliquée dans un mécanisme de surévaluation qui pénalise les Algériens.