C’est une histoire digne d’un scénario de film qui s’est jouée à l’aéroport Houari Boumediene. Un passager, sur le point de quitter l’Algérie, a été appréhendé par les services de la police judiciaire, déclenchant une procédure judiciaire peu banale. L’homme, identifié sous les initiales B. Ben Omar, a été arrêté alors qu’il présentait une carte de séjour polonaise, document qui a immédiatement éveillé les soupçons des agents en poste. Si cette carte a permis au voyageur de circuler en toute liberté entre la Pologne et la France, sans jamais éveiller la méfiance des autorités de ces deux pays, elle s’est révélée être un faux document, comme l’ont démontré les analyses techniques menées par les experts algériens.
Le passager a été présenté ce dimanche devant le tribunal correctionnel de Dar El Beïda, conformément à une procédure de citation directe. Il est poursuivi pour faux et usage de faux dans des documents administratifs, des accusations encadrées par les articles 22 et 71 de la loi algérienne relative à la lutte contre la falsification.
À la barre, le prévenu a nié toute implication dans une quelconque manœuvre frauduleuse, selon Ennahar. Il a soutenu que la carte lui avait été délivrée légalement en Pologne, pays dans lequel il affirme résider depuis un certain temps. Le voyageur a insisté sur le fait qu’il avait utilisé ce document à maintes reprises pour se rendre en France, puis revenir en Pologne, sans jamais rencontrer d’obstacle. Il a même précisé avoir pu retirer plusieurs papiers administratifs, tant pour le travail que pour des soins médicaux, auprès des services polonais, toujours sans difficulté.
Mais ces affirmations se sont heurtées aux éléments de preuve apportés par les experts de la brigade de lutte contre la falsification des documents basée à l’aéroport d’Alger. En parallèle, le laboratoire de la police scientifique de Châteauneuf a effectué une expertise approfondie en s’appuyant sur des technologies de pointe. Ces analyses ont confirmé que la carte de séjour était bel et bien falsifiée, malgré son apparence convaincante. Le juge a d’ailleurs relevé que le fait que la fraude n’ait pas été détectée en Europe relevait davantage du hasard que d’une réelle légitimité du document. Il a ajouté que cela n’enlève en rien la valeur scientifique des expertises réalisées, lesquelles ne laissaient aucun doute sur la fausseté du titre de séjour présenté.
Le représentant du ministère public, estimant les charges suffisamment établies, a requis une peine d’un an de prison ferme assortie d’une amende de 100 000 dinars. Toutefois, après délibération, le tribunal a opté pour une condamnation à un an de prison avec sursis, accompagnée d’une amende de 50 000 dinars. En outre, le prévenu a été condamné à verser une indemnisation d’un montant identique au profit du mandataire judiciaire représentant le Trésor public, au titre du préjudice subi. Cette affaire soulève de nombreuses questions sur les failles des contrôles frontaliers en Europe, mais surtout sur la capacité de certains réseaux à produire des documents contrefaits d’une telle qualité que même les autorités les plus rodées peuvent passer à côté.
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