Une Algérienne brûlée vive en France : la justice intervient après 4 ans

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Le 4 mai 2021 restera une date tragique pour la famille de Chahinez Daoud, une Algérienne de 31 ans, brûlée vive par son ex-mari Mounir Boutaa à Mérignac, en France. Aujourd’hui, quatre ans après ce féminicide qui avait bouleversé le pays, la justice intervient enfin. L’homme comparaît devant la cour d’assises de la Gironde pour assassinat. Un procès très attendu par la famille de la victime, qui espère obtenir justice et pouvoir enfin faire son deuil.

L’horreur de ce crime avait ému la France entière. Le 4 mai 2021, alors que Chahinez rentrait chez elle, son ex-conjoint, déjà condamné pour violences conjugales, l’avait attendue au bas de son immeuble. Après lui avoir tiré dessus à deux reprises, il l’avait aspergée d’essence avant d’y mettre le feu, la laissant mourir dans d’atroces souffrances. Pire encore, il avait filmé une partie de la scène avec son téléphone. Arrêté peu de temps après, il avait reconnu son geste, affirmant qu’il voulait « la cramer », tout en niant avoir voulu la tuer.

Ce crime aurait-il pu être évité ? C’est là toute la question que pose cette affaire. Chahinez Daoud avait porté plainte à plusieurs reprises contre son ex-mari. Le 15 mars 2021, moins de deux mois avant son assassinat, elle avait une nouvelle fois alerté la police sur les menaces et violences qu’elle subissait. Mais cette plainte avait été mal enregistrée par un policier qui, ironie du sort, venait lui-même d’être condamné pour violences conjugales. Une faute grave, qui avait entraîné un scandale au sein de la police. En 2022, ce policier, ainsi que quatre autres fonctionnaires, dont le directeur de la police en Gironde et le commissaire de Mérignac, avaient été condamnés pour ne pas avoir informé leur hiérarchie des antécédents de leur collègue. Une défaillance administrative qui a coûté la vie à Chahinez.

Les parents de l’Algérienne brûlée vive en France témoignent

Aujourd’hui, la famille de la victime vit toujours avec cette douleur. Djohar et Kamel Daoud, les parents de l’Algérienne brûlée vive en France, ont quitté l’Algérie pour s’occuper de leurs petits-enfants, Hassan, Mélissa et Saïd. « On fait confiance à la justice. C’est la seule chose qu’on attend pour faire notre deuil », confie Kamel Daoud à France 3. Mais la colère est toujours là. « Si elle était morte d’une maladie ou d’un accident, on l’accepterait. Mais pas comme ça. Personne ne peut accepter que son enfant meure ainsi », ajoute-t-il.

Djohar Daoud, la mère de Chahinez, tente de rester forte pour ses petits-enfants. « Il faut que je sois courageuse. Je vais me battre pour eux jusqu’à la fin », affirme-t-elle. Mais elle sait que rien ne pourra remplacer leur mère. « Une grand-mère ne peut pas remplacer une mère. Je donne tout pour les rendre heureux, mais personne ne pourra remplacer Chahinez ». Les enfants, quant à eux, tentent de se reconstruire. L’aîné est au lycée, les deux plus jeunes sont au collège. « Mélissa est très triste. Elle pleure beaucoup. Hassan, lui, garde tout en lui », explique leur grand-mère.

Les révélations sur le passé violent de Mounir Boutaa ajoutent à l’indignation. Avant Chahinez, il avait déjà été condamné pour des violences conjugales sur une première conjointe. Malgré cela, il avait pu continuer à harceler et à traquer Chahinez, profitant des failles du système. « Ma fille avait porté plainte trois fois. La quatrième, il a fait son travail », déplore Djohar Daoud.

Ce féminicide avait suscité une vague d’indignation en France. De nombreux hommages avaient été rendus à Chahinez, notamment dans la rue où elle a perdu la vie. Cette affaire a aussi mis en lumière les défaillances de la protection des femmes victimes de violences. Depuis, des mesures ont été prises pour améliorer l’enregistrement des plaintes et renforcer les dispositifs de protection, mais beaucoup estiment que cela reste insuffisant.

Aujourd’hui, Mounir Boutaa risque la réclusion criminelle à perpétuité. Pour la famille de Chahinez, ce procès est une étape essentielle. « On veut tourner la page, mais aussi que justice soit rendue pour Chahinez et toutes les autres femmes victimes de violences », conclut Kamel Daoud. Un cri du cœur, porté par des milliers de familles qui attendent encore que la justice soit à la hauteur de leur douleur.

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