Une étudiante, en France depuis 5 ans, se retrouve sans papiers

Algérien titre de séjour préfecture étudiante

Imen, une jeune étudiante tunisienne de 29 ans, n’aurait jamais imaginé se retrouver dans une situation aussi précaire. Arrivée en France il y a cinq ans avec un visa étudiant, elle avait jusque-là renouvelé son titre de séjour sans encombre. Étudiante en master d’ingénierie des affaires à l’université Grenoble-Alpes, elle jonglait entre ses études et son contrat d’alternance, construisant patiemment son avenir. Mais en octobre 2024, tout bascule. Son titre de séjour arrive à expiration, et malgré une demande de renouvellement effectuée dès le mois de juillet, la préfecture de l’Isère ne lui a toujours pas délivré de nouveau document.

Pendant trois mois, Imen s’efforce de respecter les procédures. Elle reçoit une attestation de prolongation valable jusqu’en janvier 2025, qui lui permet temporairement de poursuivre ses activités. Mais une fois cette période écoulée, le silence administratif devient assourdissant. « J’ai tout essayé, envoyé des courriers, appelé, me suis déplacée… mais je n’ai aucune réponse », confie-t-elle. Se retrouvant ainsi sans papiers, elle est contrainte d’interrompre son alternance et ses études, une situation qui met en péril tout ce qu’elle a construit. « Du jour au lendemain, je ne peux plus travailler, plus aller en cours… Je suis bloquée alors que j’ai tout fait dans les règles. », confie-t-elle à France 3.

Imen n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs mois, les associations d’aide aux étrangers en Isère alertent sur l’allongement des délais de traitement des dossiers. Le collectif « Bouge ta pref 38 », qui rassemble une cinquantaine d’associations et syndicats, dénonce une dématérialisation des services publics qui complique considérablement les démarches. Avec la fermeture des guichets en préfecture, les usagers doivent passer par la plateforme numérique Anef, mais les délais de réponse restent incertains. « Avant, on pouvait aller directement déposer son dossier. Maintenant, tout se fait en ligne et il est impossible d’obtenir des informations claires », explique Imen, désemparée.

Cette situation s’est aggravée en mars 2024, lorsque la préfecture a interdit l’accès à ses locaux sans rendez-vous. Or, ces derniers sont devenus quasiment impossibles à obtenir. Le collectif parle d’un véritable « mur numérique » qui laisse de nombreux étrangers sans solution, et parfois sans droits. En décembre dernier, 200 travailleurs sans papiers ont manifesté devant la préfecture de l’Isère pour dénoncer cette rupture de dialogue avec l’administration. Fin janvier 2025, des militants ont de nouveau exprimé leur colère lors des vœux de la nouvelle préfète, réclamant des délais de traitement plus rapides et une réouverture des accueils physiques.

Face aux critiques, la préfecture de l’Isère a publié un communiqué en octobre dernier, affirmant que la refonte du système vise à améliorer la sécurité des procédures et à réduire les délais d’obtention des titres de séjour. Elle indique que 15 000 ressortissants étrangers sont accueillis chaque année et que des efforts ont été faits pour fluidifier le processus. Pourtant, sur le terrain, la réalité semble bien différente. Imen et d’autres étudiants étrangers continuent de se heurter à des lenteurs administratives qui les placent dans des situations de grande précarité.

Sans réponse des autorités, l’étudiante ne sait plus vers qui se tourner. « J’ai mon diplôme, mon contrat d’alternance, un logement stable, mais je suis bloquée par un simple papier que je devrais pourtant obtenir normalement. », s’indigne-t-elle. En attendant une issue favorable, l’étudiante vit dans l’incertitude, espérant que son dossier finira par être traité avant que ses projets ne s’effondrent totalement. Cette histoire, reflet d’un problème plus large, met en lumière les difficultés croissantes auxquelles font face les étrangers en France pour faire valoir leurs droits et poursuivre leur vie en toute légalité.

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