Une Française accuse ouvertement le Consulat de France à Alger

Consulat de France à Alger

L’histoire d’Eva et Mustapha aurait pu être celle d’un amour ordinaire, d’un engagement scellé devant un officier d’état civil, comme tant d’autres couples rêvent de le faire. Mais leur réalité a pris un tournant inattendu lorsque le maire de Béziers, Robert Ménard, a refusé d’unir la jeune femme française à son compagnon algérien, alors sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Une décision qui a bouleversé leur vie et qui, aujourd’hui encore, continue d’avoir des répercussions bien au-delà de ce simple refus. La jeune fille est allée jusqu’à accuser le Consulat de France à Alger de bloquer leur union.

Le drame a commencé en 2023. Mustapha, âgé de 23 ans à l’époque, vivait en France sans titre de séjour en règle. Amoureux et décidé à construire un avenir avec Eva, il avait entrepris les démarches pour officialiser leur union. Mais c’était sans compter sur l’opposition du maire, qui a catégoriquement refusé de célébrer leur mariage, invoquant l’irrégularité du statut de Mustapha.

Dans les mois qui ont suivi, le jeune homme a été placé en centre de rétention administrative à Sète, avant d’être expulsé vers l’Algérie. Un coup de massue pour Eva, qui a vu son avenir s’effondrer en un instant. « Le courage, je n’en ai plus, mais la détermination de faire entendre ce qu’on m’a fait, je l’ai », a-t-elle confié aux médias, la voix brisée par l’émotion.

Pour elle, ce n’était pas une affaire administrative, mais bien un combat pour son bonheur personnel. « Les gens croient que Monsieur Ménard a agi en grand super-héros, qu’il a sauvé la France d’un troubleur d’ordre public, alors qu’il a juste gâché une vie de famille », a-t-elle dénoncé. Elle ne comprend pas comment leur histoire d’amour a pu se transformer en une affaire d’État, une bataille judiciaire et politique qui continue encore aujourd’hui.

Alors que Robert Ménard devait comparaître devant le procureur de Montpellier, l’élu a refusé de plaider coupable, choisissant de se défendre devant le tribunal correctionnel. Une posture qui alimente encore plus l’amertume d’Eva. « C’était un combat politique, mais là, ça devient un acharnement personnel », déplore-t-elle. Car au-delà de la simple expulsion de Mustapha, le couple fait face à de nouveaux obstacles.

Loin de baisser les bras, ils ont tenté une autre approche : se marier en Algérie, pour régulariser ensuite leur situation en France. Mais là encore, un mur infranchissable s’est dressé devant eux. « Ce ne sont pas les autorités algériennes qui bloquent, c’est le Consulat de France à Alger, à la demande de Monsieur Ménard », affirme Eva, convaincue que tout est mis en œuvre pour empêcher leur union.

Malgré la distance, l’amour du couple résiste aux épreuves. « On dort même ensemble en visio », confie Eva, cherchant à maintenir une illusion de normalité dans cette relation mise à mal par les décisions administratives. Elle se bat non seulement pour retrouver Mustapha, mais aussi pour dénoncer un système qu’elle estime injuste et cruel.

L’affaire dépasse largement leur histoire personnelle. Elle soulève des questions profondes sur la manière dont la France applique ses lois en matière d’immigration et de mariage. Jusqu’où peut aller une mairie pour empêcher une union ? Quelle est la frontière entre la légalité et l’acharnement administratif ?

Alors que le procès de Robert Ménard se profile, la question demeure : la justice tranchera-t-elle en faveur du maire, au nom du respect des règles migratoires, ou reconnaîtra-t-elle que ce refus de mariage était un abus de pouvoir ?

Eva, elle, continue de se battre, malgré la fatigue et le découragement. Elle refuse de voir son histoire réduite à une simple ligne dans un registre administratif. Son amour pour Mustapha, loin des projecteurs et des débats politiques, reste la seule chose qui lui donne la force d’avancer. Mais pour combien de temps encore ?

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