Une grâce présidentielle annoncée en Algérie : qui est concerné, et qui ne l’est pas ?

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Une grâce présidentielle vient d’être annoncée en Algérie, à l’occasion du 63e anniversaire de la Fête de l’Indépendance et de la Jeunesse. Cette grâce présidentielle, signée par le président Abdelmadjid Tebboune, après consultation du Conseil supérieur de la magistrature, marque une mesure symbolique forte. Elle s’inscrit dans un contexte de célébration nationale où l’acte de clémence, en Algérie, prend une dimension à la fois sociale et politique. Ce geste de réconciliation vise principalement les détenus incarcérés pour des délits mineurs ou des faits jugés réhabilitables. Selon le communiqué officiel, deux décrets présidentiels ont été signés. Le premier concerne la grâce présidentielle de 6 500 détenus. Le second est dédié aux détenus ayant obtenu des diplômes durant l’année scolaire 2024-2025, et inclut spécifiquement 297 individus ayant réussi l’examen du Brevet d’enseignement moyen, en attendant les résultats du baccalauréat.

Ce qui distingue cette grâce présidentielle en Algérie des précédentes, c’est l’accent mis sur la réinsertion sociale à travers l’éducation. Accorder la grâce présidentielle aux détenus qui ont poursuivi une formation ou un cursus scolaire, illustre la volonté des autorités de promouvoir l’effort et l’engagement personnel, même derrière les barreaux. Il ne s’agit pas seulement d’un allègement de peine, mais d’une reconnaissance d’une volonté de réhabilitation, en phase avec les principes éducatifs et de justice restaurative prônés par les institutions pénitentiaires en Algérie.

Cependant, cette grâce présidentielle en Algérie ne s’applique pas à tous. La liste des exclusions est longue, et elle concerne les individus condamnés pour des faits jugés particulièrement graves. Sont ainsi exclus les auteurs de crimes de terrorisme, de meurtres, d’homicides volontaires, ou encore de violences ayant causé la mort ou une infirmité permanente. Les agressions contre des enfants, des ascendants, ou encore des membres du personnel de santé ou des institutions de l’État ne bénéficient d’aucune clémence. De même, les actes liés à la traite humaine, au viol, à l’enlèvement ou au sabotage des biens publics sont formellement exclus de cette mesure de grâce présidentielle, renforçant ainsi une ligne rouge clairement tracée par les autorités.

Dans le même esprit de rigueur, les infractions contre l’autorité de l’État, la sécurité nationale, les systèmes informatiques publics, ou encore les cas de trahison, d’espionnage, ou de falsification de documents officiels ne sont pas concernés. Cette exclusion couvre aussi les infractions économiques comme la corruption, le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, la contrebande, et la spéculation illégale. Autrement dit, la grâce présidentielle en Algérie ne peut être considérée comme un blanc-seing pour ceux qui ont porté atteinte de manière grave à la sécurité, à l’économie ou à l’intégrité du pays.

En ciblant les détenus les plus aptes à se réintégrer dans la société, la grâce présidentielle, dans le cadre de cette fête nationale en Algérie, reflète une volonté d’apaisement, mais sans concession sur les principes de sécurité et de justice. La sévérité des exclusions démontre que cette clémence est avant tout encadrée et ciblée, loin d’un pardon généralisé. Ce choix sélectif donne un message clair : la rédemption passe par l’effort personnel et le respect des règles les plus fondamentales de la société.

À travers cette mesure, la présidence algérienne veut renforcer les valeurs de justice, d’éducation et de réinsertion, tout en réaffirmant sa fermeté face à la criminalité lourde. La grâce présidentielle, telle qu’elle est appliquée en Algérie cette année, devient alors un outil politique et social stratégique, qui allie humanité et fermeté, dans un pays où la mémoire de l’indépendance est encore porteuse d’un puissant souffle de renouveau.