L’histoire aurait pu tourner au drame. Ce dimanche 29 décembre, trois jeunes, partis à l’assaut des cimes enneigées de la montagne Takoucht, dans la commune d’Aït Smail, ont vu leur randonnée basculer en un cauchemar. Ce sommet, qui domine la wilaya de Bejaïa avec ses 1896 mètres d’altitude, est réputé pour ses paysages spectaculaires mais aussi pour les défis qu’il impose à ceux qui osent s’y aventurer en hiver.
Selon Radio Soummam, la randonnée avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices. Les trois amis, armés de leur enthousiasme et d’un esprit d’aventure, avaient quitté leur domicile au lever du jour, impatients de fouler les sentiers de cette montagne boisée recouverte de son manteau blanc. Mais la montagne ne pardonne pas l’imprudence. Alors qu’ils approchaient du sommet, l’un d’eux a glissé sur une plaque de neige verglacée, chutant lourdement et se blessant au point d’être incapable de se mouvoir. La situation a rapidement viré à l’angoisse. Descendre avec un blessé sur un terrain aussi traître, où chaque pas peut être fatal, relevait de l’impossible.
Perdus, désorientés, mais encore munis de leur téléphone, les jeunes ont réussi à contacter la brigade de gendarmerie locale. Ce coup de fil a marqué le début d’un incroyable élan de solidarité. Sadek Rebai, le maire d’Aït Smail, informé de l’incident, a immédiatement réagi. Il a lancé un appel émouvant sur les réseaux sociaux, mobilisant habitants, élus et forces de sécurité. « La montagne est belle, mais elle est aussi impitoyable », écrira-t-il plus tard pour rappeler la gravité de la situation.
Alors que le soleil commençait à se coucher, la mobilisation a pris une ampleur impressionnante. Habitants, gendarmes et une équipe de la Protection civile spécialisée en sauvetage en terrains difficiles ont convergé vers le sommet. Le froid mordant, l’obscurité grandissante et la glace omniprésente rendaient chaque minute plus périlleuse. Mais rien n’entamait la détermination des sauveteurs. Des habitants des villages voisins, armés de leur connaissance des lieux, ont rejoint les professionnels pour prêter main-forte. Les lampes torches illuminaient la montagne comme une veillée d’espoir.
Localiser les randonneurs fut une première victoire, mais les ramener sains et saufs en fut une autre, bien plus ardue. Les conditions extrêmes ralentissaient chaque pas, mais l’union de tous ces volontaires a fini par triompher. Les trois jeunes, tremblants mais indemnes, ont été ramenés à la sécurité. Le blessé, dont la chute avait tant inquiété ses camarades, n’a finalement souffert que de blessures légères, selon les autorités.
Sur les réseaux sociaux, Sadek Rebai a exprimé une gratitude infinie. « Votre solidarité a sauvé des vies », a-t-il écrit, rendant hommage aux efforts collectifs des villageois, des agents de la Protection civile, des élus et des voisins venus des communes avoisinantes. Mais son message n’était pas seulement un remerciement. Il portait aussi un avertissement. « La montagne, en hiver, n’est pas un terrain de jeu. Chaque randonnée doit être pensée, préparée, et surtout respectueuse des dangers que la nature impose. »
Cette randonnée, aussi effrayante qu’émouvante, restera gravée dans la mémoire des jeunes comme un rappel brutal de la force imprévisible de la montagne. Pour la communauté d’Aït Smail, elle symbolise le triomphe de la solidarité, cette force silencieuse mais puissante qui, dans les moments critiques, unit les cœurs et les bras. Et pour tous les amoureux de la nature, elle est un appel à la prudence : la beauté des cimes se mérite, mais elle demande de ne jamais sous-estimer ce que le froid et la glace peuvent réserver. Une leçon que ces trois randonneurs, et bien d’autres après eux, n’oublieront sans doute jamais.
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