L’usage du Kabyle, dialecte de Tamazight, langue nationale et officielle en Algérie depuis la révision constitutionnelle de 2016, continue pourtant de susciter des controverses dans l’espace médiatique. Une séquence filmée à l’issue du match entre la JS Kabylie et le NC Magra, remporté par les Canaris sur le score de 3 buts à 1 à Magra, a enflammé les réseaux sociaux. Ce n’est pas le résultat du match qui a attiré l’attention, mais bien une scène captée en zone mixte, où deux chaînes de télévision privées algériennes ont provoqué une vague d’indignation en raison de leur comportement vis-à-vis de l’usage du Kabyle.
Alors que le coach du NC Magra, Azzedine Aït Djoudi, ancien entraîneur emblématique de la JSK, livrait ses impressions d’après-match en Kabyle devant les caméras de Berbère TV, deux journalistes représentant Ennahar TV et El Heddaf TV se sont rapprochés du technicien pour recueillir ses déclarations. À peine quelques secondes après avoir réalisé que l’interview se déroulait en Kabyle, ces deux journalistes ont ostensiblement retiré leurs micros, marquant ainsi leur retrait de la scène, alors que Ait Djoudi n’avait pas fini de parler.
Ce geste a rapidement été repris et diffusé en masse sur les réseaux sociaux. Les internautes ont largement commenté la séquence, dénonçant ce qu’ils considèrent comme un mépris flagrant envers l’usage du Kabyle dans certains médias algériens. Cette réaction a été jugée choquante et irrespectueuse par une large frange de l’opinion publique. Les réactions ne se sont pas fait attendre : « Dès qu’ils ont entendu du Kabyle, ils ont retiré leurs micros », peut-on lire parmi les centaines de commentaires.
Usage du Kabyle : l’Algérie ne veut en aucun cas la division
Il est à noter que, la chambre d’accusation de la Cour d’Alger a récemment confirmé le mandat de dépôt à l’encontre de Mohamed Amine Belghit, enseignant en histoire, poursuivi pour des propos jugés attentatoires aux fondements de l’identité nationale. Cette décision intervient après que l’intéressé a fait appel de la mise en détention provisoire ordonnée au début du mois par le juge d’instruction. L’affaire trouve son origine dans un entretien accordé à une chaîne de télévision émiratie, lors duquel certaines de ses déclarations ont été considérées comme gravement offensantes pour un pilier essentiel de la nation algérienne.
Depuis le 2 mai, date d’ouverture des poursuites, Mohamed Amine Belghit fait face à des accusations sérieuses. Selon le tribunal de Dar El Beïda, ses propos constituent une atteinte manifeste aux principes fondamentaux consacrés par la Constitution et constitutifs de l’identité algérienne. La justice algérienne considère ces déclarations comme une infraction à l’unité nationale, en ce qu’elles ciblent directement des symboles majeurs de la République.
Outre l’accusation principale liée à la remise en cause de l’unité nationale, Mohamed Amine Belghit est également poursuivi pour diffusion de propos discriminatoires et de discours de haine via les technologies de l’information et de la communication. Ces chefs d’inculpation soulignent la gravité du dossier aux yeux des autorités judiciaires.
Le passage controversé à l’origine de cette affaire remonte à une intervention de Mohamed Amine Belghit sur la chaîne Sky News Arabia. Durant l’entretien, il a affirmé que Tamazight, reconnue langue nationale et officielle en Algérie, serait selon lui le fruit d’une manipulation orchestrée par des services de renseignement étrangers, en particulier français et sionistes. Cette déclaration, rapidement relayée et massivement commentée, a suscité une vague d’indignation dans l’opinion publique. Beaucoup y ont vu une attaque frontale contre la culture et la langue amazighes, parties intégrantes de l’histoire et de l’identité du pays.
Les mots employés par Mohamed Amine Belghit ont profondément choqué, en raison non seulement de leur teneur polémique, mais aussi du contexte sensible dans lequel ils ont été tenus. Ils ont été perçus comme une négation de la reconnaissance institutionnelle de Tamazight, acquise après des décennies de revendications. Aux yeux de la justice, de tels propos franchissent les limites de la liberté d’expression, dès lors qu’ils compromettent la paix sociale et les fondements de la République.