Depuis la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, un tournant semble s’opérer dans les relations diplomatiques entre Paris et Alger, un tournant que Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Algérie, observe avec précision et mesure. Invité sur le plateau de BFMTV pour commenter cette évolution inattendue, Stéphane Romatet a livré une série d’analyses et de constats qui éclairent la situation actuelle, tout en laissant planer une question essentielle : reviendra-t-il bientôt à Alger pour reprendre pleinement ses fonctions ? À cette interrogation, Romatet répond avec la prudence d’un diplomate chevronné, en rappelant que seule la décision du président de la République dictera le moment de son retour, et que ce choix dépendra des avancées réelles dans le dialogue franco-algérien.
Devant la chaîne d’information, Stéphane Romatet a d’abord salué la libération de Boualem Sansal, qu’il qualifie de geste « de clémence et d’humanité », un geste d’autant plus notable qu’il intervient après de longs mois d’efforts diplomatiques. Romatet insiste sur le fait que cette liberté n’est pas le fruit d’un simple concours de circonstances, mais bien l’aboutissement d’un travail patient, discret et coordonné, mené avec plusieurs partenaires européens, dont l’Allemagne, à laquelle il attribue un rôle déterminant dans cette issue. Selon le diplomate, la méthode franco-allemande a montré une nouvelle fois son efficacité, un message qu’il répète pour souligner la dimension collective de cette réussite.
Au cours de son intervention, Stéphane Romatet évoque un « climat nouveau » observé depuis deux à trois semaines entre les deux rives de la Méditerranée, un climat construit sur des signaux envoyés et reçus par Alger et Paris, et qui pourraient ouvrir la voie à une reprise progressive de la coopération bilatérale. Même si Romatet se félicite de ce changement d’atmosphère, il ne manque pas de rappeler que la France ne doit ni être « naïve », ni adopter une posture de « bisounours » dans sa relation avec l’Algérie. Pour Romatet, cet avertissement n’est pas une critique, mais une mise au point nécessaire pour rappeler que les relations diplomatiques se construisent sur l’équilibre, la lucidité et la franchise.
Dans la même intervention, Stéphane Romatet insiste sur la nécessité de réengager rapidement la coopération sécuritaire et migratoire entre les deux pays. Un enjeu majeur demeure la question des laissez-passer consulaires permettant d’expulser de France les personnes sous obligation de quitter le territoire, notamment celles classées parmi les plus dangereuses. Selon Romatet, avancer sur ce dossier est indispensable pour retrouver une collaboration pleinement fonctionnelle, essentielle pour les deux États.
La situation personnelle de Boualem Sansal a également été évoquée. Après avoir passé la nuit dans un hôpital militaire allemand, l’écrivain est actuellement en observation médicale. À l’heure actuelle, selon Romatet, aucune décision n’a encore été prise quant à son éventuel retour en France. Le diplomate souligne qu’il appartient désormais à Boualem Sansal et à ses proches de décider de ses intentions futures. Cette attente témoigne d’une forme de retenue diplomatique, et Romatet s’y conforme en refusant tout commentaire anticipé.
Au cours de l’entretien, Stéphane Romatet ne manque pas d’évoquer un autre dossier sensible : celui du journaliste Christophe Gleizes, toujours détenu en Algérie. En rappelant que le procès en appel est prévu pour le 3 décembre, Romatet indique que la France se prépare activement à cette audience, tout en espérant une « solution de sagesse ». L’ambassadeur souligne que, dans ce type de dossiers, la ténacité, la discrétion et le respect du pays partenaire restent les seuls leviers réellement efficaces, y compris lorsque les discussions s’annoncent délicates.
La perspective d’un retour de Stéphane Romatet à Alger reste donc en suspens, même si sa propre position est clairement exprimée : Romatet affirme que sa présence en Algérie dépendra exclusivement de la décision du président français, qui jugera du moment opportun. Ce positionnement met en lumière la complexité du contexte diplomatique actuel, où chaque geste, chaque déclaration et chaque évolution prend une importance considérable dans le fragile équilibre des relations franco-algériennes.