Lors d’une récente réunion de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée populaire nationale, un échange marquant a eu lieu en présence du directeur général d’Algérie Ferries, Sofiane Boudar. Le député Fares Rahmani y a soulevé une inquiétude importante concernant une décision appliquée dans les ports d’Alger et d’Oran, qui interdit temporairement certains types de véhicules, impactant directement les familles algériennes résidant en France et voyageant chaque été en Algérie avec leurs véhicules personnels, notamment ceux dépassant sept places.
La mesure, applicable du 15 juin au 15 septembre, interdit l’embarquement de quatre types de véhicules dans les deux principaux ports du pays : les véhicules neufs, les voitures de moins de trois ans, les véhicules utilitaires comme les fourgons, et les véhicules dépassant les sept places. Cette restriction touche particulièrement les voyageurs issus de la diaspora en France qui, pour leur retour estival en Algérie, utilisent souvent des véhicules familiaux spacieux, sans pour autant qu’ils soient nécessairement neufs ni importés récemment.
Le député Fares Rahmani souligne que si la décision vise avant tout à bloquer l’usage détourné des navires de passagers pour des activités commerciales, elle pénalise par effet collatéral les familles nombreuses. Ces dernières, venues de France, embarquent en Algérie avec des véhicules de plus de sept places non pas pour transporter des marchandises, mais simplement pour voyager en groupe familial. Il explique que cette situation devient un casse-tête logistique pour les parents et enfants qui planifient leur voyage depuis des mois et se retrouvent, à l’approche de l’été, empêchés d’embarquer à bord des navires entre la France et l’Algérie, uniquement à cause du nombre de places dans leurs véhicules.
Fares Rahmani donne l’exemple d’un père de famille composé de sept membres, qui avait déjà réservé son billet pour un voyage estival. Son véhicule, bien que parfaitement adapté au transport familial, dépasse le seuil réglementaire imposé par la mesure. Ainsi, bien qu’il soit en règle et destiné uniquement au transport de ses proches, il est concerné par l’interdiction en vigueur. Le député rappelle que les véhicules de plus de sept places ne sont pas systématiquement utilisés à des fins commerciales, et que cette généralisation crée une confusion regrettable pour les familles qui voyagent légalement entre la France et l’Algérie.
Pour corriger cette faille, Rahmani propose d’introduire dans le texte une clause permettant de distinguer clairement les usages. Selon lui, les véhicules de plus de sept places devraient être interdits uniquement lorsqu’ils sont utilisés pour transporter des marchandises, et non dans le cadre de voyages familiaux. Il plaide donc pour une modification du dispositif, permettant aux familles venant de France de continuer à se rendre en Algérie avec leurs véhicules habituels, même s’ils offrent plus de sept places.
Il convient aussi de rappeler que cette interdiction ne s’applique pas uniformément sur tout le territoire. Les ports de Béjaïa, Skikda et Annaba ne sont pas concernés par la mesure, ce qui engendre un transfert des flux de voyageurs et de véhicules vers ces infrastructures. Ainsi, les familles qui ne peuvent plus embarquer à Alger ou Oran avec leurs véhicules de plus de sept places, même s’ils viennent de France et ne transportent rien d’autre que des membres de la famille, devront se rediriger vers ces ports secondaires pour pouvoir entrer en Algérie.
Ce débat met en lumière un enjeu récurrent dans les relations entre la France et l’Algérie concernant les véhicules utilisés par la diaspora : comment assurer un équilibre entre régulation douanière, lutte contre les abus et respect du droit des familles à voyager dans des conditions adaptées ? La demande formulée par le député Rahmani appelle à une clarification urgente, afin que les familles algériennes de France ne soient pas les victimes collatérales d’une mesure qui vise initialement à assainir les pratiques commerciales autour du transport maritime entre la France et l’Algérie, particulièrement en ce qui concerne les véhicules de grande capacité.