Hyundai, véhicules en Algérie : nouveau revirement inattendu  

Hyundai Algérie

L’Algérie vient d’accorder l’autorisation provisoire préalable à l’agrément pour la construction d’une usine de véhicules Hyundai, un signal fort en faveur de la relance de l’industrie automobile nationale. Cette décision concerne la joint-venture omano-coréenne composée du géant sud-coréen Hyundai Motor Company (HMC) et du groupe omanais Saud Bahwan Holding, déjà actif dans le pays depuis 2014 avec un complexe pétrochimique implanté à Arzew. Cette autorisation, qui constitue un revirement inattendu, de par sa rapidité, marque une étape déterminante dans un projet d’envergure internationale, dont la concrétisation n’attend désormais que la désignation du site où s’érigera la future usine.

La volonté de partir d’un terrain vierge semble s’imposer comme une option privilégiée par les investisseurs. Les infrastructures industrielles récupérées par la justice, bien qu’ayant servi à l’assemblage de véhicules jusqu’en 2019-2021, ne paraissent pas répondre aux exigences techniques ou aux ambitions du projet, selon l’Algérie Aujourd’hui. Parmi ces sites proposés, celui de Relizane — ancienne propriété de Sovac Production — a été visité par les représentants de Hyundai et de Saud Bahwan, sans pour autant faire l’objet d’une validation définitive. Il est clair que les partenaires misent sur une approche sur-mesure, adaptée à leurs standards, pour implanter une usine moderne, avec un investissement prévu de 400 millions de dollars. Ce chiffre, deux fois supérieur à l’enveloppe mobilisée par Stellantis pour son usine Fiat de Tafraoui, donne une idée de l’ampleur du projet et des attentes qu’il suscite.

Ce projet, relancé en début d’année, a été au cœur de plusieurs rencontres officielles entre les responsables algériens et les représentants des deux groupes étrangers. Le 9 mars, une délégation conjointe de HMC et de Saud Bahwan avait été reçue par le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, après avoir rencontré le Directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI). L’objectif de ces échanges était de préciser les contours du projet et de tracer une feuille de route claire en accord avec les orientations stratégiques des autorités algériennes. Le Directeur général de l’AAPI, Omar Rekkache, a lui-même confirmé, le 17 février dernier, l’implantation imminente d’une usine de montage Hyundai en Algérie, dans le cadre de la coopération économique entre Alger et Mascate.

Sur le plan opérationnel, le projet se traduira par la mise en place d’une ligne complète de construction, incluant la carrosserie et la peinture, deux étapes clés dans la fabrication automobile. À terme, l’usine produira trois modèles de véhicules de tourisme Hyundai, deux utilitaires, et potentiellement un véhicule électrique. Cette approche diversifiée répond à la fois aux besoins du marché algérien et aux tendances mondiales du secteur, en particulier l’essor des véhicules à motorisation électrique. Un double volet — industriel et commercial — a été soigneusement planifié, avec la création de deux sociétés distinctes, en partenariat avec un acteur algérien, afin d’assurer à la fois la production et la distribution des véhicules neufs.

Il convient de rappeler que le groupe Hyundai, au travers de ses marques Hyundai et Kia, était déjà actif en Algérie jusqu’à la suspension des activités d’assemblage dans le pays. Hyundai possédait alors une unité pour véhicules à Tiaret et une autre pour bus et camions à Batna, tandis que Kia y disposait aussi d’une ligne de montage. Le retour du constructeur sud-coréen sous une nouvelle forme plus structurée, avec un partenaire omanais solidement implanté, représente ainsi un tournant stratégique. Ce retour s’inscrit également dans un contexte politique favorable, notamment après la visite du président de l’Assemblée populaire nationale à Séoul en octobre dernier, au cours de laquelle des discussions avancées ont eu lieu avec les responsables de Hyundai, confirmant leur volonté de lancer l’usine dès 2025.

La demande d’agrément pour exercer l’activité de concessionnaire automobile, déposée par Hyundai en octobre 2024, est toujours à l’étude. Toutefois, cette démarche administrative parallèle renforce la perspective d’un retour complet de la marque sud-coréenne sur le marché algérien, tant sur le plan de la fabrication que de la distribution. Avec ce projet, l’Algérie espère non seulement stimuler l’investissement étranger, mais aussi repositionner son industrie automobile comme un pôle stratégique à l’échelle régionale, capable de répondre aux défis économiques et technologiques du moment.