Véhicules : la France fait une croix sur l’Algérie

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Le port de Calais, acteur stratégique du transport maritime en Europe, a récemment affiché ses ambitions en matière de transit de véhicules neufs. Avec un volume de 25 000 unités en 2024, la plateforme portuaire vise encore plus haut. Pourtant, un changement majeur s’opère : la suspension des exportations de véhicules depuis la France vers l’Algérie. Une réorientation qui modifie considérablement les dynamiques commerciales et logistiques.

Depuis novembre 2023, un contrat d’exportation signé entre le constructeur Stellantis et le Groupe Charles André (GCA) avait ouvert la voie à l’acheminement de 10 000 véhicules neufs par an, depuis la France vers l’Algérie. Ces modèles, fabriqués dans l’usine d’Hordain, située près de Valenciennes, avaient trouvé leur route jusqu’aux quais de Calais avant de traverser la Méditerranée. Cependant, dans un contexte diplomatique de plus en plus incertain, ce partenariat a été brusquement interrompu. Un coup dur pour le port, mais pas une fatalité.

L’annulation du trafic vers l’Algérie ne signifie pas pour autant une perte sèche pour la Société d’exploitation des ports du détroit (SEPD), qui gère l’activité portuaire de Calais. Les responsables tablent toujours sur un objectif ambitieux de 60 000 véhicules à transporter. Pour atteindre cette cible, la SEPD mise désormais sur des marchés alternatifs. Parmi eux, la Turquie et l’Angleterre se positionnent comme des partenaires privilégiés.

La Turquie, avec son industrie automobile en plein essor, devient une destination clé pour le port de Calais. Les grands constructeurs implantés dans le pays, comme Renault, Toyota et Ford, ont renforcé leur production, et leurs exportations vers l’Europe via la France prennent de l’ampleur. Une aubaine pour Calais, qui aspire à récupérer une part significative de ces flux. L’Angleterre, quant à elle, continue de jouer un rôle central dans l’échange de véhicules, notamment grâce aux accords post-Brexit facilitant le commerce entre les deux rives de la Manche.

L’adaptation du port de Calais à ces nouveaux circuits logistiques s’accompagne d’investissements en infrastructures. L’optimisation des quais, l’augmentation des capacités de stockage et l’amélioration des services de manutention sont autant de leviers mobilisés pour attirer de nouveaux contrats. La SEPD affiche une volonté claire : faire de Calais une plaque tournante incontournable du transport automobile en Europe.

Les conséquences de cette réorientation stratégique dépassent les simples chiffres du trafic portuaire. Sur le plan économique, les entreprises de logistique impliquées dans l’exportation vers l’Algérie doivent revoir leur modèle. Les transporteurs maritimes spécialisés dans cette ligne subissent aussi un impact direct. Du côté algérien, la réduction des importations de véhicules neufs pourrait accentuer la demande pour les modèles assemblés localement, favorisant l’essor de l’industrie nationale.

Si le port de Calais tourne une page avec l’Algérie, il n’en reste pas moins un acteur clé du commerce automobile. En misant sur la Turquie et l’Angleterre, la plateforme portuaire ajuste son cap et s’ouvre à de nouvelles opportunités. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits et permettra d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par la SEPD. Une chose est sûre : le paysage du transport de véhicules ne cesse d’évoluer, et Calais entend bien rester au cœur de ces transformations.

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