Visa D pour Algériens : la France applique une « sanction collective »

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Le climat diplomatique entre la France et l’Algérie connaît une nouvelle crispation avec la récente décision de Paris de suspendre la délivrance du visa D pour les Algériens. Cette décision, révélée dans une lettre adressée par le président Emmanuel Macron à son Premier ministre le mercredi 6 août 2025, a rapidement suscité des réactions de la part des représentants de la communauté algérienne de France, notamment celle du député Abdelouahab Yagoubi, élu des Algériens établis à l’étranger. La mesure touche de plein fouet les détenteurs potentiels du visa D, qui permet aux Algériens, dans certaines conditions, de séjourner en France pour des motifs d’études, de regroupement familial ou de travail. La suspension du visa D pour les Algériens est perçue comme une forme de pression diplomatique exercée dans le cadre d’un contexte bilatéral déjà tendu.

Dans sa déclaration du vendredi 8 août, le député Yagoubi a exprimé sa « profonde préoccupation » face à ce qu’il considère être une « escalade » dans les tensions politiques entre la France et l’Algérie. Il souligne que les Algériens titulaires ou demandeurs du visa D sont aujourd’hui les premières victimes de décisions qu’il qualifie de « sanctions collectives ». Selon lui, ces mesures ne prennent pas en compte les efforts de la communauté algérienne résidant légalement en France, qui joue pourtant un rôle historique et humain essentiel dans les relations entre les deux pays. Pour Yagoubi, les Algériens ne doivent pas être instrumentalisés dans des stratégies diplomatiques, et encore moins être pénalisés à travers une politique de restriction généralisée du visa D.

Le député a également évoqué des dispositifs plus larges, comme le mécanisme « Levier-Visa-Réadmission », qui vise à conditionner la délivrance de visas à la coopération consulaire des pays d’origine dans le retour de leurs ressortissants en situation irrégulière. Il estime que le recours à ces leviers politiques, notamment à travers le refus systématique des demandes de visa D, entraîne une rupture dans l’équilibre des accords bilatéraux et crée un sentiment croissant d’injustice parmi les Algériens concernés. Les étudiants, les chercheurs, les familles et les professionnels algériens qui sollicitent un visa D dans un cadre légal et justifié voient leurs projets personnels et professionnels bloqués sans préavis.

Pour M. Yagoubi, cette situation exige une réponse claire de la part des autorités algériennes. Il appelle à une « réciprocité constructive », tout en précisant que l’Algérie doit veiller à respecter ses engagements internationaux. Toutefois, cette réciprocité ne doit pas alimenter l’escalade, mais plutôt être fondée sur le principe du respect mutuel. Il souligne que les Algériens de France doivent être associés à l’élaboration des politiques consulaires et migratoires, en particulier sur des sujets sensibles comme le visa D, car leur avenir est directement impacté. Il insiste sur le rôle que devraient jouer la diplomatie parlementaire, la commission des affaires étrangères et les représentants de la diaspora dans les discussions à venir.

Selon le parlementaire, la suspension du visa D pour les Algériens ne s’inscrit pas dans un simple différend technique. Elle intervient dans un climat politique particulier en France, à quelques mois des élections municipales prévues en mars 2026, et dans la perspective de l’élection présidentielle de 2027. Il affirme que l’immigration et l’Algérie sont devenues des thèmes récurrents dans le discours politique français, utilisés comme arguments électoraux. Dans ce contexte, les Algériens, en particulier ceux qui demandent un visa D pour des raisons académiques ou familiales, se retrouvent au cœur d’un débat national qui dépasse leur situation personnelle.

Le député appelle à l’apaisement, rappelant que les relations humaines entre les peuples français et algérien sont anciennes et profondes. Les Algériens résidant en France forment une communauté fortement intégrée, qui participe activement à la vie sociale, économique et culturelle. Il estime que le visa D ne peut pas être traité comme un simple outil de rétorsion diplomatique. Suspendre le visa D pour les Algériens revient, selon lui, à nier ces réalités humaines, à affaiblir les ponts tissés depuis des décennies entre les deux rives de la Méditerranée, et à compromettre l’avenir de nombreux jeunes Algériens en quête d’un avenir académique ou professionnel en France.

Face à cette situation, l’heure est au dialogue, conclut-il. Il estime que la France et l’Algérie doivent rouvrir un canal de communication basé sur la confiance, le respect mutuel et le droit international. Le visa D doit rester un droit accessible aux Algériens qui remplissent les critères définis par la loi, sans être soumis à des considérations géopolitiques. L’enjeu n’est pas seulement administratif : il s’agit de garantir la continuité de relations humaines fondamentales entre deux pays liés par l’histoire, les échanges et des millions de destins croisés.