Visa pour Algériens : la proposition choc de Sarkozy

Sarkozy Algérie

Les relations entre Paris et Alger connaissent une nouvelle secousse après les déclarations de Nicolas Sarkozy. L’ancien président français Sarkozy a choisi d’évoquer dans un entretien avec Le Figaro la question des visas pour Algériens, des expulsions et des accords bilatéraux de 1968. Selon lui, la France doit revoir de fond en comble sa politique migratoire vis-à-vis des Algériens, en instaurant un lien direct entre les expulsions et la délivrance de nouveaux titres d’entrée.

Nicolas Sarkozy regrette que la politique étrangère française n’affiche plus la fermeté qu’il juge nécessaire. Pour l’ancien chef de l’État, la France apparaît affaiblie et incapable de faire respecter ses propres règles. Il estime que la politique menée par Emmanuel Macron, qui s’était montré historiquement favorable au dialogue avec l’Algérie, ne suffit plus et doit être remplacée par une ligne beaucoup plus stricte.

Dans ses propos, Nicolas Sarkozy est revenu sur les accords de 1968 qui régissent encore aujourd’hui la circulation et le séjour des Algériens en France. Il considère qu’ils ne sont plus adaptés au contexte actuel et appelle à y mettre un terme. Selon lui, il n’y a aucune raison de continuer à accorder des avantages particuliers à l’Algérie, d’autant que ce pays refuse régulièrement de coopérer avec Paris sur le dossier des expulsions.

La question des visas reste au cœur de cette proposition. Sarkozy rappelle que la France délivre chaque année près de 250 000 visas aux Algériens, un chiffre qu’il juge excessif tant que la coopération sur les expulsions n’est pas effective. Pour lui, un mécanisme simple devrait être mis en place : chaque fois qu’un ressortissant en situation irrégulière est renvoyé en Algérie, un visa serait délivré en contrepartie. Ce système de conditionnement, qu’il décrit comme une règle d’équilibre, serait selon lui la seule manière de rétablir un rapport de force crédible.

Au-delà des aspects techniques, Nicolas Sarkozy lie clairement les notions de visas et d’Algériens à une stratégie politique plus large. Il insiste sur le fait que la France ne doit pas demander la « bienveillance » ou « l’humanité » du président Abdelmadjid Tebboune, mais affirmer sa propre souveraineté en agissant sans concessions. Cette posture, explique-t-il, permettrait de replacer Paris en position de force face à Alger.

L’ancien président ne s’est pas arrêté au seul dossier migratoire. Il a aussi exprimé son inquiétude face aux dynamiques démographiques mondiales. Selon ses prévisions, la population européenne passera de 550 à 480 millions d’habitants en l’espace de trente ans, tandis que celle de l’Afrique doublera, atteignant 2,4 milliards. Dans ce contexte, il estime que l’Europe devra faire face à une pression migratoire inédite, venant en grande partie de pays d’Afrique du Nord et subsaharienne.

Pour Nicolas Sarkozy, le lien entre immigration et sécurité n’est pas à négliger. Il affirme qu’en France, un antisémitisme « d’importation » s’est développé à travers les flux migratoires et que ce phénomène pourrait s’aggraver. À ses yeux, l’immigration actuelle n’est plus assimilable, en raison de différences culturelles et religieuses profondes. Ce constat, qu’il qualifie de « risque existentiel pour l’Europe », l’amène à appeler à des décisions fermes dès maintenant, sans attendre que la situation devienne incontrôlable.

Ses déclarations interviennent dans un contexte diplomatique déjà tendu entre Alger et Paris. L’Algérie avait récemment dénoncé ce qu’elle considère comme un chantage aux visas, après plusieurs restrictions décidées par la France dans les dernières années. Les propos de Sarkozy risquent donc de relancer le débat et de nourrir les crispations des deux côtés de la Méditerranée.