Les relations diplomatiques entre Paris et Alger traversent une période de fortes tensions. Ce vendredi 10 janvier, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a exprimé sa ferme intention d’adopter des mesures radicales en réponse à ce qu’il perçoit comme un affront de la part de l’Algérie. Cette escalade intervient dans un contexte tendu marqué par le renvoi en France de l’influenceur algérien Doualemn, initialement expulsé par Paris vers Alger.
Pour Bruno Retailleau, l’Algérie cherche à « humilier la France ». Cette déclaration, prononcée lors d’un déplacement en Loire-Atlantique, témoigne d’un agacement palpable face au refus d’Alger de laisser débarquer sur son territoire un ressortissant algérien sous le coup d’une expulsion. Le ministre n’a pas mâché ses mots, qualifiant cet acte de « grave violation des règles de coopération internationale ».
Les leviers envisagés pour exercer une pression sur Alger
Restriction des visas
Le ministre de l’Intérieur a mis en avant le poids de la France dans la délivrance des visas au sein de l’Union européenne, rappelant qu’en 2023, près de 2,5 millions de visas avaient été accordés par Paris, contre 1,4 million pour l’Allemagne. Ce déséquilibre, selon lui, reflète une politique généreuse qui pourrait désormais être revue. Bruno Retailleau a évoqué une approche de « donnant-donnant » visant à réduire les quotas de visas pour les pays, comme l’Algérie, qui rechignent à délivrer des laissez-passer consulaires pour leurs ressortissants expulsés.
Il s’est également montré critique à l’égard des visas de court séjour, souvent utilisés selon lui par certains pour s’installer illégalement en France. « Ces pratiques doivent cesser », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’un contrôle migratoire renforcé.
Augmentation des tarifs douaniers
Autre piste évoquée : le levier économique. Bruno Retailleau a suggéré d’instaurer une hausse des tarifs douaniers sur les échanges commerciaux entre la France et l’Algérie. Cette mesure vise à inciter Alger à coopérer davantage dans la réadmission de ses citoyens expulsés.
« Il est essentiel de conditionner les avantages commerciaux à une véritable collaboration sur les questions migratoires », a souligné le ministre. Une telle politique pourrait toucher divers secteurs économiques et rappeler à l’Algérie l’importance de maintenir des relations équilibrées avec Paris.
Réduction de l’aide publique au développement (APD)
Enfin, Bruno Retailleau a proposé une diminution de l’aide publique au développement, un levier financier important pour de nombreux pays en développement, dont l’Algérie. Il a critiqué l’incohérence entre les aides substantielles accordées par la France et le manque de coopération d’Alger en matière de gestion migratoire.
« Pourquoi continuer à offrir des financements pour des projets éducatifs, sanitaires ou environnementaux à un pays qui ne respecte pas ses engagements ? », a-t-il interrogé. Cette approche, bien qu’audacieuse, pourrait être controversée, car elle risquerait de pénaliser directement les populations bénéficiaires de ces programmes.
Un contexte diplomatique déjà fragile
La crise actuelle s’inscrit dans une série de tensions persistantes entre Paris et Alger. L’alignement récent de la France sur les positions espagnoles et américaines concernant le Sahara occidental a provoqué un refroidissement des relations avec Alger, tandis que le rapprochement avec Rabat accentue encore les divisions.
Par ailleurs, des cas récents d’interpellations d’influenceurs algériens en France pour incitation à la violence ont exacerbé les crispations entre les deux pays. Le retour en France de Doualemn, malgré son expulsion, a été perçu par Paris comme un acte de défiance.
Un avenir incertain
Les mesures envisagées par Bruno Retailleau pourraient marquer un tournant dans les relations franco-algériennes. Toutefois, ces annonces, si elles sont appliquées, risquent de susciter des réactions vives de la part d’Alger et d’approfondir encore la fracture entre les deux nations.
Dans ce contexte tendu, Alger reste au cœur des préoccupations de Paris, et les décisions à venir seront scrutées de près. Entre menaces et actions concrètes, l’équilibre diplomatique semble plus fragile que jamais.
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