Visas pour la France et l’Espagne : l’affaire des 15.000 euros secoue l’Algérie

Visa Schengen France Algérienne

La justice algérienne a lancé une vaste enquête sur une affaire de falsification de visas et de passeports impliquant les destinations prisées que sont la France et l’Espagne. Cette affaire de visas frauduleux pour la France et l’Espagne, détectée au niveau des guichets de l’aéroport international Houari Boumédiène, a mené à l’arrestation de plusieurs personnes, dont la propriétaire d’une agence de voyages à Béjaïa, identifiée comme « I. Sabrina », ainsi que deux de ses collaborateurs, « Z. Samia » et « D. Reda ».

L’enquête révèle que les documents falsifiés, notamment des visas pour la France et l’Espagne, auraient été produits au sein même de l’agence, transformée en véritable atelier clandestin. Les services de sécurité ont confirmé que des montants atteignant les 220 millions de centimes étaient exigés en échange de ces faux documents, y compris des visas pour la France.

L’investigation a conduit à l’implication de plusieurs autres personnes, dont « J. Saïd », « M. Fawzi », et deux voyageurs identifiés comme « M. Youba » et « Ch. Yazid », accusés de crime de trafic de migrants par une organisation criminelle, de faux en écriture administrative et de non-dénonciation de crime. Le dossier sera présenté devant la cour criminelle de Dar El Beïda au cours de cette semaine.

L’origine de cette affaire remonte au 19 juin 2024, lorsque la police judiciaire de Bab Ezzouar a été saisie après qu’un passager, « M. J. », s’apprêtant à embarquer vers Barcelone sur un vol Iberia, ait présenté un visa espagnol intégré à son passeport algérien. Bien que ce visa semblait valide jusqu’au 24 juin 2024 pour un séjour de sept jours, les vérifications ont permis de détecter une falsification, selon Ennahar. Le voyageur a alors expliqué avoir payé la somme de 50 millions de centimes pour l’obtention du document auprès d’une agence située à Béjaïa, dirigée par « Sabrina » et « Samia ». Il avait remis son passeport en février et effectué le paiement en mai, avec un supplément de 15 millions de centimes ainsi que 5 000 dinars pour les frais liés au billet d’avion et à l’hôtel. Le montant total versé pour ce faux visa destiné à la France ou à l’Espagne s’élevait donc à 65,5 millions de centimes.

Une seconde tentative de fraude a été repérée lors d’un autre vol prévu pour le 8 octobre 2024. « Ch. Yazid », détenteur d’un passeport émis à Akbou en novembre 2021, s’est vu reprocher un visa espagnol de 45 jours jugé douteux. Le voyageur a reconnu avoir déboursé 80 millions de centimes pour l’obtenir auprès de la même agence touristique. Les autorités ont alors intensifié leurs investigations, perquisitionné les bureaux de l’agence de Béjaïa, saisi plusieurs équipements informatiques, téléphones portables et un véhicule de type Seat Ibiza.

Le téléphone personnel de « I. Sabrina » contenait des enregistrements et échanges avec « M. Fawzi », dans lesquels elle sollicitait des visas pour des pays comme la France, le Canada ou l’Espagne. Plusieurs messages faisaient état de négociations tarifaires, certaines atteignant jusqu’à 220 millions de centimes pour un visa France falsifié. Ces discussions confirmaient le rôle d’intermédiaire joué par « Sabrina », qui facilitait l’obtention de documents frauduleux moyennant de fortes rémunérations. Lors de son audition, la principale accusée a déclaré exercer dans le domaine de la prise de rendez-vous, du conseil et de l’assistance administrative. Elle a tenté de se désolidariser des visas falsifiés remis à « M. Youba » et « Ch. Yazid », accusant son ancien collaborateur « Fawzi », qui n’aurait travaillé qu’un mois à l’agence, d’avoir agi seul. « Ch. Yazid », selon elle, lui aurait été envoyé par sa propre sœur installée en France. Elle a néanmoins reconnu avoir facilité le voyage illégal de « J. Lamine », détenteur d’un visa frauduleux pour l’Espagne, qui a quitté le pays le 22 juillet 2024 via l’aéroport d’Oran.

Dans une autre tentative, une famille de quatre personnes avait confié 50 millions de centimes à l’agence pour obtenir des visas vers la France. N’ayant pas versé l’intégralité du montant, les documents n’ont pas été livrés. « Sabrina » a confirmé avoir collaboré avec « Fawzi » pour la falsification de trois visas France, contre une commission de 50 millions de centimes par opération. Elle a également reconnu avoir perçu 15 000 euros de « Ch. Yazid », 50 millions de « M. Youba », et 150 millions de centimes dans d’autres transactions frauduleuses. « Fawzi » réalisait les faux tandis qu’elle gérait les clients et encaissements.

L’affaire, révélant un trafic sophistiqué de visas pour la France et l’Espagne, met en lumière un réseau structuré et lucratif. Elle sera examinée très prochainement par la justice algérienne.