L’Algérie s’est lancée dans un tournant industriel majeur avec l’installation de Fiat à Tafraoui, dans la wilaya d’Oran. Un an après le début de la fabrication locale des véhicules, l’usine Stellantis affiche des résultats prometteurs et démontre que la marque italienne a respecté ses engagements. En effet, ce projet ne se limite pas à un simple assemblage de voitures importées en pièces détachées, mais vise bel et bien à créer une industrie automobile complète en Algérie. Une ambition portée par la volonté politique et économique du pays de se positionner sur la carte mondiale de la production automobile.
Située dans une zone industrielle stratégique, l’usine s’étend sur 40 hectares et fonctionne selon des standards internationaux. Contrairement aux critiques initiales qui laissaient entendre qu’il ne s’agissait que d’un centre de montage, Fiat prouve que le site de Tafraoui est une véritable unité de production avec un processus structuré, une logistique sophistiquée et une main-d’œuvre qualifiée.
Dès l’entrée dans l’usine, l’impression est saisissante. L’organisation et la modernité des installations reflètent la volonté de faire de ce projet un succès durable. Près de 600 employés travaillent en permanence sur des lignes de production qui ne s’arrêtent jamais. Trois équipes se relaient jour et nuit, garantissant une production continue et fluide. L’engagement social est aussi au rendez-vous, puisque 15 % des effectifs sont des femmes, une présence notable dans un secteur historiquement masculin. L’intégration des jeunes techniciens algériens et la formation assurée par Fiat permettent d’élever le niveau de compétence local et d’ancrer durablement cette industrie en Algérie.
L’usine produit actuellement deux modèles : la Fiat 500 hybride, une citadine au design iconique, et le Fiat Doblo, un utilitaire très prisé des professionnels. Le processus de fabrication repose sur une série d’étapes méticuleuses où la technologie de pointe se mêle à l’intervention humaine.
Tout commence avec l’arrivée des caisses nues et déjà peintes, directement envoyées depuis le pays de fabrication. Ce sont ces structures qui vont être transformées en voitures entièrement équipées. Chaque caisse suit un parcours précis à travers la ligne de production. Elle passe d’abord par l’installation des systèmes électriques et du câblage, avant que les éléments mécaniques comme le châssis avant et arrière, la boîte de vitesses et le réservoir ne soient ajoutés.
L’étape clé du processus est ce que les techniciens appellent « le mariage ». Il s’agit du moment où la partie supérieure de la voiture est assemblée avec la structure mécanique complète, comprenant le moteur, la transmission et les suspensions. Ce procédé, qui demande une synchronisation parfaite, est essentiel pour garantir la fiabilité et la performance du véhicule. Une fois cette opération réalisée, les sièges, le tableau de bord et les roues sont installés, donnant enfin naissance à un véhicule prêt à rouler.
La ligne dédiée au Fiat Doblo se distingue par un niveau d’automatisation plus avancé. L’assemblage de cet utilitaire repose sur une combinaison de bras robotisés et de travail manuel, permettant d’optimiser chaque étape et d’assurer une qualité de finition irréprochable.
L’approvisionnement en pièces est géré avec une précision chirurgicale. Le moindre retard ou erreur dans la logistique pourrait entraîner un arrêt de la production, ce qui impose une organisation rigoureuse. Chaque composant arrive au bon moment sur la ligne de montage, selon un principe de flux tendu qui évite le stockage excessif et garantit une efficacité maximale.
Mais la production ne se limite pas à l’assemblage. Un contrôle qualité rigoureux est effectué à chaque étape pour détecter d’éventuelles anomalies. Les techniciens procèdent à des vérifications approfondies avant que les voitures ne soient envoyées aux tests finaux.
L’une des étapes les plus cruciales concerne l’injection des liquides essentiels au bon fonctionnement du véhicule. Cinq fluides sont introduits dans chaque voiture avant la mise en circulation : l’huile moteur, l’huile de boîte de vitesses, le liquide de frein, le liquide de refroidissement et le carburant. Ces éléments sont essentiels pour garantir que les véhicules quittent l’usine en parfait état de marche.
Avant de quitter l’usine, chaque véhicule subit des essais sur une piste spécialement aménagée. Ce parcours de test simule différentes conditions de conduite afin d’évaluer la performance, la stabilité et la sécurité des voitures. Ces vérifications garantissent que seuls les modèles conformes aux normes de Fiat et de Stellantis sont envoyés sur le marché.
Actuellement, l’usine produit six véhicules par heure, soit une cadence impressionnante pour un projet encore en phase de développement. Avec un taux d’intégration locale de 30 %, Fiat dépasse déjà les attentes initiales. L’objectif est d’aller encore plus loin en intégrant progressivement la peinture et la soudure au processus de production, ce qui permettra d’accroître l’indépendance de l’usine vis-à-vis des fournisseurs étrangers.
À horizon 2026, l’usine ambitionne d’atteindre une production annuelle de 90 000 véhicules. Cet objectif repose sur l’expansion des capacités actuelles et sur le développement de nouvelles infrastructures. L’idée est de faire de l’Algérie un hub régional de la production automobile, capable de répondre aux besoins du marché local et d’exporter vers d’autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient.
L’implantation de Fiat à Tafraoui ne se limite pas à un simple enjeu économique. Ce projet incarne la volonté de l’Algérie de bâtir une industrie automobile solide et durable. En favorisant la formation des travailleurs, en développant un écosystème de sous-traitants locaux et en renforçant les capacités industrielles, Fiat participe activement à la transformation du pays.
Les bénéfices de cette initiative se font déjà sentir à plusieurs niveaux. Sur le plan économique, la production locale permet de réduire la dépendance aux importations et de créer des emplois qualifiés. Sur le plan technologique, l’introduction de processus industriels avancés contribue à la montée en compétence des travailleurs algériens. Et sur le plan stratégique, l’Algérie affirme sa volonté de jouer un rôle clé dans le secteur automobile en Afrique.
La promesse faite par Fiat au président Tebboune se matérialise ainsi concrètement. Loin d’être une usine d’assemblage de fortune, le site de Tafraoui est un modèle de modernité et d’efficacité. Avec une montée en puissance progressive et une vision tournée vers l’avenir, Fiat démontre que l’Algérie peut réussir son pari industriel et s’imposer comme un acteur majeur de l’automobile sur le continent.
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