Un nouvel épisode glaçant s’est ajouté à la longue liste des actes de haine qui visent des représentants de la République en raison de leurs origines. Cette fois, la cible est Naïma Moutchou, députée Horizons du Val-d’Oise et figure de la majorité présidentielle, issue d’une famille marocaine. Elle a reçu un courrier manuscrit à l’Assemblée nationale, glissé dans les pages d’un article du magazine Paris Match lui étant consacré. Ce message haineux, rédigé avec une violence sidérante, contenait des propos racistes d’une brutalité extrême, évoquant son apparence, ses origines et insinuant des liens avec des actes barbares. Les mots utilisés ont provoqué chez l’élue ce qu’elle qualifie elle-même de « nœud au ventre » et une « colère froide », mais n’ont pas entamé sa détermination à faire valoir ses droits et à porter plainte.
Le contenu du message est sans équivoque. « Vous avez une gueule d’arabe – vous n’avez rien à faire dans ce pays qui ramasse tous les déchets du monde – vous prenez le pain des Français. Dégagez vite ! », peut-on y lire, suivi d’accusations plus graves encore, amalgamant la députée aux crimes terroristes, dans un glissement délirant vers l’essentialisation raciale et la désignation de boucs émissaires. La violence verbale, portée à ce degré, traduit un climat de plus en plus tendu et décomplexé, où les élus eux-mêmes deviennent des cibles directes, non pour leurs idées, mais pour leurs origines supposées.
Très vite, la députée a réagi sur les réseaux sociaux. Refusant de céder à l’intimidation, elle a rappelé son attachement aux valeurs républicaines, affirmé son droit d’exister et de représenter les citoyens avec dignité, et eu une pensée forte pour ses parents. « Je ne m’excuserai jamais d’être ce que je suis ni de défendre ce que je crois juste », a-t-elle écrit. Une dignité qui contraste avec la bassesse des propos qui lui ont été adressés. Elle y ajoute une évocation émouvante de ses parents, de leurs sacrifices, de leurs mains usées, et de ce qu’ils lui ont transmis.
L’émotion a rapidement gagné l’ensemble de la classe politique. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a immédiatement réagi : « Les mots du pire. Le racisme n’a pas sa place dans notre République. Aucune forme de haine n’a sa place. Il nous faut condamner sans réserve, combattre sans relâche. » D’autres membres de la majorité, comme la députée Agnès Firmin Le Bodo, ont également exprimé leur colère, appelant à s’attaquer aux racines du mal : « Les mots manquent pour qualifier cet acte odieux. La colère est légitime, la peur aussi mais au-delà des mots, nous devons trouver la racine de ces maux, racisme, antisémitisme, discrimination, gangrenant notre pays. »
À droite, la solidarité a également été immédiate. Valérie Pécresse a témoigné de son soutien à l’élue visée, tandis que Jean-Didier Berger, député Les Républicains, a plaidé pour une réponse ferme des autorités judiciaires : « Tolérance zéro : l’auteur de ces menaces doit être sévèrement sanctionné. » Même du côté du Rassemblement national, souvent accusé de tolérer des discours ambigus sur ces sujets, Laure Lavalette a exprimé son souhait que l’auteur « de cette immondice » soit « identifié et condamné ».
Du côté de la gauche, la réaction a été tout aussi unanime. Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée, a dénoncé un message « infect », en assurant Naïma Moutchou de son « soutien indéfectible face au racisme » dont elle est victime. Antoine Léaument, également député LFI, a déclaré avec force : « Il est temps que les racistes le comprennent : on ne fait pas la France sans son peuple. »
L’ensemble de la scène politique semble s’être accordée, sans équivoque, pour condamner cette attaque et affirmer un rejet clair du racisme sous toutes ses formes. Naïma Moutchou, malgré la douleur, incarne aujourd’hui une figure de résilience républicaine. La procédure judiciaire annoncée permettra peut-être de remonter jusqu’à l’auteur de ces injures. Mais au-delà du cas individuel, c’est un signal d’alarme collectif qui est lancé : la haine raciale, même travestie sous forme de lettre anonyme, reste un poison qu’aucune démocratie ne peut tolérer.
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