Voyage : Air Algérie interdite en France ?

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Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie prennent une nouvelle tournure, et cette fois, la compagnie nationale Air Algérie se retrouve au cœur de la polémique. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a ouvertement dénoncé une entrave aux expulsions des ressortissants algériens en situation irrégulière, menaçant d’imposer des sanctions à la compagnie aérienne. Une crise qui pourrait profondément affecter les liaisons entre les deux pays et compliquer la mobilité des voyageurs. Une question taraude les esprits de ces derniers : Air Algérie sera-t-elle interdite en France ? 

Tout est parti d’un cas récent qui a mis en lumière une divergence d’interprétation des accords franco-algériens. Un ressortissant algérien de 30 ans, condamné en France pour vol, recel et port d’arme blanche, avait reçu une obligation de quitter le territoire (OQTF) après avoir purgé sa peine. Cependant, il a été refoulé vers la France, depuis l’aéroport d’Oran. Entre-temps Air Algérie a décidé d’exiger dorénavant des laissez-passer consulaires, afin de laisser embarquer à bord de ses vols des individus sous OQTF, y compris lorsqu’ils disposent d’un document d’identité valide. Cette nouvelle exigence, a suscité une réaction immédiate du ministère de l’Intérieur français.

Une note interne de l’état-major de la Police nationale, que Le Journal du Dimanche a pu consulter, révèle que la compagnie algérienne applique désormais une règle inédite : lors des expulsions de ressortissants algériens en situation irrégulière, elle refuse d’embarquer ces derniers sans la présentation d’un laissez-passer consulaire (LPC), et ce, même s’ils sont en possession d’un passeport ou d’une carte d’identité valide. Pourtant, selon les accords bilatéraux en vigueur, ces documents suffisent en principe pour procéder aux éloignements.

Ce changement de procédure a provoqué une levée de boucliers à Paris. Une source au ministère de l’Intérieur indique que « cette exigence supplémentaire et nouvelle contrevient directement aux accords franco-algériens » et constitue une « entrave au bon déroulement des mesures d’éloignement ». Pour répondre à cette situation, le ministère a immédiatement adressé une directive aux aéroports français, ordonnant un renforcement des contrôles sur les pratiques d’Air Algérie.

Désormais, « en cas de refus d’embarquement pour absence de LPC, un document attestant ce refus devra être exigé auprès du chef d’escale de la compagnie », peut-on lire dans la note. Et d’ajouter : « Si ce dernier refuse de fournir un tel écrit, son identité devra être relevée systématiquement ».

Sur le plateau de TF1, le ministre de l’Intérieur a tenu également à exprimer sa colère : « Pourquoi la France fait preuve d’une aussi grande faiblesse vis-à-vis de l’Algérie ? » Il a ensuite précisé avoir demandé à ses services « de voir dans quelles conditions on pouvait sanctionner Air Algérie », avant d’ajouter : « On est en train de voir toute l’échelle de la riposte possible ».

Une note interne du ministère, consultée par Le Journal du Dimanche, confirme cette volonté de réagir fermement. On peut y lire que cette nouvelle exigence d’Air Algérie est considérée comme une « exigence supplémentaire et nouvelle », qui « déroge aux accords franco-algériens, le document d’identité en cours de validité permettant à lui seul de réaliser des éloignements ».

Face à cette situation, plusieurs options sont étudiées par le gouvernement français. Parmi elles, la réduction des créneaux de vols accordés au transporteur algérien, voire faire en sorte que Air Algérie soit totalement interdite sur le territoire français. Retailleau a également évoqué des mesures plus larges, visant directement les élites algériennes, expliquant que Paris pourrait « priver un certain nombre de personnalités de la nomenklatura, de diplomates, des facilités dont ils bénéficient actuellement ».

Si ces sanctions venaient à être appliquées et que Air Algérie devient interdite en France, elles risqueraient de provoquer une réponse immédiate d’Alger. Une interdiction d’Air Algérie en France entraînerait sans doute des mesures de réciprocité, notamment contre Air France et Transavia, qui desservent plusieurs destinations algériennes. Une escalade qui aurait un impact direct sur les voyageurs, confrontés à des vols moins nombreux, des prix en hausse et une incertitude quant à leurs déplacements entre les deux rives de la Méditerranée.

Ce bras de fer entre Paris et Alger illustre une fois de plus les tensions persistantes entre les deux pays sur la question migratoire. Alors que les discussions s’intensifient en coulisses, les voyageurs attendent avec inquiétude les décisions qui seront prises, redoutant que cette crise diplomatique ne complique encore davantage leurs déplacements.

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