Voyage, actualités – Un homme impliqué dans l’organisation de traversées clandestines vers l’Europe a été condamné à 10 ans de prison ferme et à une amende d’un million de dinars par le tribunal criminel de Dar El Beïda à Alger. Cette condamnation fait suite à l’arrestation de 14 jeunes alors qu’ils tentaient de rejoindre illégalement l’Espagne à bord d’une embarcation de fortune.
Selon le média arabophone Ennahar, l’affaire remonte à une nuit d’octobre 2024, lorsque les garde-côtes ont intercepté un bateau naviguant au large des côtes algériennes après plus de deux heures de traversée. Les 14 passagers, tous originaires de Bordj El Kiffan et Bordj El Bahri, avaient embarqué clandestinement dans l’espoir d’atteindre l’Europe. Parmi eux se trouvait un certain S. Salah, rapidement suspecté d’avoir joué un rôle clé dans l’organisation de la traversée.
L’enquête menée par les autorités a mis en lumière un réseau structuré et bien organisé, impliquant plusieurs individus. L’un des principaux organisateurs, identifié comme B. Lakhdar, aurait acheté l’embarcation et son moteur auprès d’un vendeur spécialisé. Un autre individu, A. Chemseddine, se chargeait de recruter des candidats à l’émigration clandestine et de collecter les fonds nécessaires au voyage. Le prix du passage était fixé entre 20 et 30 millions de centimes par personne. Quant à S. Salah, il avait pour mission de fournir le carburant indispensable à la traversée.
Les enquêteurs ont découvert plusieurs éléments de preuve accablants, notamment des enregistrements audio et vidéo impliquant directement certains membres du réseau. Dans l’un des enregistrements, une voix attribuée à S. Salah affirme : « J’ai trouvé l’essence, on va démarrer depuis Bordj El Bahri. » Un autre enregistrement montre B. Lakhdar donnant des consignes aux passagers et rappelant à ceux qui n’avaient pas encore payé de régulariser leur situation avant le départ.
Arrêté et placé en détention, S. Salah a adopté une ligne de défense changeante tout au long de l’enquête et du procès. Lors des premières auditions, il aurait reconnu avoir participé à la fourniture de carburant pour le voyage. Toutefois, au cours de son audience devant le tribunal, il a nié toute implication dans l’organisation du voyage clandestin au départ d’Alger. Il a affirmé avoir lui-même payé 20 millions de centimes pour monter à bord du bateau et tenter de rejoindre l’Europe, au même titre que les autres passagers. Selon lui, s’il a aidé ses amis à se procurer du carburant, c’était uniquement par camaraderie et sans avoir conscience de participer à une infraction.
Les enquêteurs ont cependant relevé plusieurs contradictions dans ses déclarations. L’accusé avait dans un premier temps reconnu avoir eu connaissance des préparatifs de la traversée et avoir pris part aux discussions sur l’organisation du voyage. De plus, la quantité de carburant qu’il avait fournie – environ 400 litres – correspondait exactement aux besoins estimés pour le trajet jusqu’aux côtes espagnoles, ce qui a renforcé les soupçons à son encontre.
Voyage : le procureur d’Alger avait requis 20 ans de prison ferme
Lors de l’audience, le procureur a insisté sur la gravité des faits reprochés à l’accusé et sur les risques encourus par les migrants clandestins qui empruntent ces routes maritimes dangereuses. Il a requis une peine de 20 ans de prison, estimant que S. Salah jouait un rôle actif dans le réseau. Toutefois, après délibération, le tribunal a finalement condamné l’accusé à 10 ans de réclusion et à une amende d’un million de dinars.
Ce verdict s’inscrit dans un contexte de lutte accrue contre l’émigration clandestine en Algérie. Ces dernières années, les tentatives de traversées illégales vers l’Europe se sont multipliées, malgré les dangers encourus en mer et les lourdes sanctions judiciaires imposées aux organisateurs. Les autorités poursuivent leurs efforts pour démanteler les réseaux impliqués dans ces traversées, tout en sensibilisant la population aux risques liés à ces voyages périlleux.
Pour les jeunes en quête d’un avenir meilleur, ces traversées clandestines représentent souvent une ultime tentative d’échapper à des conditions de vie jugées difficiles. Malgré les arrestations et les condamnations, de nombreux candidats à l’exil continuent de tenter leur chance, espérant atteindre les côtes européennes au péril de leur vie.
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