À Paris, les Algériens de France qui prennent régulièrement le métro en direction des aéroports pour rejoindre leur pays d’origine risquent de vivre une mauvaise surprise, au sujet de leurs valises. Désormais, la taille de ces dernières est scrutée à la loupe, et les grosses valises sont officiellement interdites dans le réseau de la RATP. Cette décision, bien que basée sur un règlement déjà existant, a pris une tournure bien plus visible ces derniers jours, après qu’un incident anodin a réveillé une règle longtemps ignorée, mais pourtant bien présente.
Le déclencheur a été un simple contrôle, un dimanche matin, lorsqu’une passagère s’est vue infliger une amende pour avoir transporté un objet jugé trop encombrant dans le métro. Si les détails de la scène ont largement circulé sur les réseaux sociaux, c’est surtout le fond du dossier qui a interpellé : dans une ville aussi connectée que Paris, capitale de millions de trajets quotidiens, la restriction sur la taille des valises n’avait encore jamais fait autant parler. Et pourtant, le règlement de la RATP est clair. Aucun bagage ne doit dépasser 75 centimètres sur aucune de ses dimensions. Cette règle englobe donc la hauteur, la largeur et la profondeur. Pour les Algériens de France qui rejoignent Orly ou Roissy via le métro puis le RER B ou une navette, cela pose un vrai casse-tête logistique.
Les valises, surtout les grosses valises, sont monnaie courante chez de nombreux voyageurs, et encore plus chez les Algériens de France, qui embarquent souvent avec des bagages bien remplis pour des séjours prolongés au pays. Valises de cadeaux, valises de vêtements, valises d’épicerie… tout ce qui dépasse les dimensions autorisées devient, en théorie, passible d’une amende de 150 euros. Et la RATP n’entend pas faire de distinction. Depuis le 7 mai 2025, une note officielle figure même sur son site web pour rappeler aux usagers que l’application de cette règle est stricte et immédiate. Plus question de tolérer un écart au motif de la bonne foi.
La RATP invoque des raisons d’équité et de sécurité. Les valises trop grandes peuvent gêner la circulation sur les quais, bloquer les portes, ou poser problème dans les escaliers bondés. Pour les agents de contrôle, il ne s’agit plus de faire preuve de souplesse, mais de respecter une ligne claire. Même les objets aussi singuliers qu’une plante verte ou une étagère neuve peuvent entraîner une sanction s’ils dépassent la taille autorisée.
Pour les Algériens de France, qui prennent le métro avec leurs valises pour rejoindre les gares et les aéroports, la mesure soulève une double peine. Non seulement elle les prend de court, faute d’une communication claire dans le passé, mais elle les place aussi devant une impasse : comment se rendre à l’aéroport sans passer par les transports en commun, souvent les plus accessibles et les moins chers ? Les taxis et VTC sont coûteux, surtout avec des valises multiples. Et les navettes spéciales au départ de certaines stations sont parfois saturées ou inaccessibles à certaines heures. Or, pour bon nombre d’Algériens vivant en France, ce type de trajet est fréquent, notamment pendant les périodes de vacances scolaires ou estivales, lorsque les familles s’envolent vers Alger, Oran ou Constantine.
Le problème s’étend aussi aux voyageurs de retour d’Algérie, souvent chargés de valises bien pleines après leur passage au pays. Une valise reçue à l’aéroport peut très bien être conforme aux exigences aériennes, tout en étant interdite dans le métro parisien. L’incompréhension est donc totale. Et malgré une volonté affichée de modernisation des transports, la rigidité de cette règle interroge. Elle ne tient pas compte des réalités vécues par une part importante de la population parisienne, dont les Algériens de France qui, par nécessité ou par attachement familial, effectuent régulièrement des trajets entre leur domicile et les aéroports, valises à la main.
Il est probable que cette mesure provoque encore de nombreuses réactions. Pour l’heure, elle est en vigueur, et les agents de la RATP sont invités à la faire respecter sans dérogation. Valises ou pas, la ligne est tracée. Les Algériens de France sont donc prévenus !