Un voyage qui devait être un moment de joie et de célébration s’est transformé en un cauchemar pour un Marocain de France qui avait prévu de se rendre en Algérie pour ses fiançailles. Dans un récit lunaire, il partage son histoire émouvante de blocage à l’aéroport de Paris Orly, ayant raté son vol et manqué ses fiançailles en raison de ce qu’il décrit comme un contrôle excessif lié à son passeport marocain tout neuf.
« J’ai choisi d’aller en Algérie à quelques jours de l’Aid pour mes fiançailles avec ma future femme qui est une Franco Algérienne, et dont quasiment toute la famille se trouve en Algérie. Ils ont tout préparé sur place. À ma grande surprise, je me suis retrouvé bloqué à l’aéroport de Paris Orly, après qu’ils aient vu mon passeport marocain tout neuf. Ils ont paniqué et ont décidé de faire des contrôles supplémentaires, qui ont pris de nombreuses heures. J’ai donc raté mon avion pour l’Algérie, ainsi que mes fiançailles.», relate le ressortissant marocain.
« Ils ne m’ont pas donné le motif. Ils m’ont juste demandé de patienter, mais un proche qui exerce en tant que policier m’a affirmé en fin de journée du 5 avril que j’étais finalement fiché S, c’est la raison pour laquelle ils m’ont retenu pendant tout ce temps. On a donc décidé avec ma belle-famille de reporter les fiançailles, afin que je règle d’abord mon problème. Je précise que je n’ai jamais rien eu : ni condamnation, ni amende », a ajouté le Marocain de France, visiblement bouleversé après avoir loupé son voyage en Algérie, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Voyage en Algérie : que signifie la fiche S du Marocain de France ?
Dans le paysage de la sécurité nationale française, le terme « fiche S » est souvent associé à une connotation négative, évoquant des individus potentiellement dangereux ou radicalisés. Cependant, une exploration plus approfondie révèle que cette perception est souvent basée sur des idées reçues plutôt que sur la réalité. Il est crucial de comprendre que les « fiches S » ne sont ni un indicateur absolu de dangerosité ni un outil de suivi de la radicalisation, mais plutôt un mécanisme de signalement au sein du fichier des personnes recherchées (FPR).
Créé en 1969, le FPR est un vaste registre comprenant plus de 400 000 noms, allant des mineurs en fugue aux membres du grand banditisme, en passant par les militants politiques ou écologistes. Chaque catégorie, identifiée par une lettre, vise à faciliter la gestion des différentes situations par les autorités. Ainsi, la lettre « S » est attribuée aux individus dont l’activité suscite des soupçons quant à leur intention de porter atteinte aux intérêts de l’État.
Contrairement à ce que beaucoup pourraient croire, être fiché « S » ne déclenche pas automatiquement un suivi ou une surveillance active de la part des autorités. Il s’agit plutôt d’une alerte pour les forces de l’ordre et les autres services entrant en contact avec la personne signalée. La fiche « S » sert donc principalement de moyen de remontée d’informations, permettant de partager des détails pertinents tels que les déplacements, les accompagnants ou le contenu des bagages.
Il est essentiel de noter que toutes les personnes fichées « S » ne sont pas des cibles actives des services de renseignement. La catégorie « S » englobe un éventail de motifs pouvant conduire à l’inscription d’un individu au FPR, allant des mouvements hooligans aux groupes d’ultragauche ou d’ultradroite. Ainsi, la fiche « S » n’est pas spécifiquement destinée au suivi de la radicalisation, même si certains individus radicalisés peuvent également être fichés « S ».
En outre, la création du fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) en 2015 a permis de mieux cibler les efforts de surveillance et de suivi des individus engagés dans un processus de radicalisation. Contrairement au FPR, le FSPRT vise spécifiquement à centraliser les informations sur les personnes radicalisées ou susceptibles de l’être, permettant ainsi un suivi individualisé et une prise en charge adaptée.
Ainsi, les « fiches S » ne doivent pas être perçues comme une marque de culpabilité ou de dangerosité. Elles constituent simplement un moyen pour les autorités de signaler et de partager des informations sur des individus ayant suscité des soupçons concernant leur intention de nuire aux intérêts de l’État. Il est important de reconnaître les nuances de ce système de signalement et de comprendre son rôle dans le contexte plus large de la sécurité nationale française.
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