Depuis le 1er mars 2025, une nouvelle mesure fiscale a secoué le secteur aérien français, provoquant des remous parmi les compagnies aériennes, les aéroports et les voyageurs, notamment pour tout voyage entre la France et l’Algérie. Cette mesure, l’augmentation de la Taxe de Solidarité sur les Billets d’Avion (TSBA), a eu un impact direct sur les prix des billets d’avion, avec des répercussions notables sur l’ensemble du marché. Si elle a été instaurée dans un but de financer des projets humanitaires et d’infrastructures, elle n’en demeure pas moins une épine dans le pied pour un secteur déjà fragilisé par plusieurs facteurs économiques et politiques.
La TSBA, mise en place en 2006, est une taxe prélevée sur les billets d’avion au départ de la France, destinée à financer des initiatives internationales de solidarité, telles que celles menées par l’Organisation UNITAID. À partir de mars 2025, son montant a été revu à la hausse, ce qui a suscité une onde de choc dans l’industrie du transport aérien. Les compagnies aériennes, qui étaient déjà sous pression, ont exprimé leur mécontentement face à cette augmentation. Ces dernières, notamment les compagnies à bas coût, craignent que cette nouvelle taxe entraîne une hausse des prix des billets, affectant ainsi la demande et la compétitivité des liaisons, notamment sur des routes aussi populaires que celles reliant la France à l’Algérie.
Voyage France Algérie : le montant de la taxe est conséquent
La hausse de la TSBA a affecté toutes les classes de voyage, y compris depuis la France vers l’Algérie, avec des différences notables en fonction des destinations. Les vols au départ de la France ont connu une augmentation significative de la taxe. En classe économique, la TSBA est désormais de 7,40 euros pour les vols intra-UE, contre seulement 2,63 euros avant cette hausse. Pour les classes supérieures, la taxe s’élève désormais à 30 euros. Les vols vers les destinations plus lointaines, comme l’Algérie, sont également concernés par cette augmentation, avec des taxes passant à 15 euros en classe économique et jusqu’à 80 euros pour les classes supérieures. En conséquence, ces hausses de tarifs affectent directement le pouvoir d’achat des voyageurs, en particulier ceux qui font régulièrement la navette entre la France et l’Algérie, une communauté nombreuse et fidèle au secteur aérien.
Les compagnies aériennes réagissent différemment à cette nouvelle réalité. Alors que certaines, comme Air France, ont choisi de ne pas répercuter la hausse de la TSBA sur leurs passagers, d’autres ont décidé de l’intégrer directement dans le prix des billets. C’est le cas de Transavia, qui a informé ses clients que la nouvelle taxe serait appliquée pour les réservations effectuées après le 3 mars 2025. Ce choix a conduit à une certaine confusion parmi les passagers, notamment ceux ayant réservé avant cette date, car ils doivent désormais régler la différence par un paiement supplémentaire. De son côté, la compagnie à bas coût Volotea a opté pour une méthode encore plus directe, prélèvant la taxe supplémentaire directement sur les cartes de paiement des passagers, ce qui a renforcé la transparence de la démarche, mais a aussi suscité quelques mécontentements.
Du côté des aéroports, la situation est tout aussi tendue. Si certains aéroports, comme ceux de Paris, semblent pouvoir encaisser cette hausse sans trop de difficultés, d’autres, notamment les aéroports régionaux, craignent des répercussions dramatiques. L’aéroport de Marseille-Provence, par exemple, a déjà enregistré une réduction de l’activité de la compagnie Ryanair, qui a annoncé la suppression de 300 vols pour la saison estivale 2025. Cette réduction, bien que modérée pour l’instant, représente une perte importante pour un aéroport déjà fragile face à la concurrence de destinations européennes comme l’Espagne ou l’Italie, où cette taxe n’est pas appliquée. D’autres aéroports comme ceux de Beauvais, Carcassonne, Béziers ou Nîmes, qui dépendent fortement des compagnies aériennes à bas coût, risquent de voir une partie de leur activité se déplacer vers des pays voisins, où la fiscalité est plus avantageuse pour les transporteurs.
Les experts du secteur prévoient que cette hausse de la TSBA pourrait affecter la compétitivité du marché français, notamment sur les lignes à destination de pays maghrébins comme l’Algérie. En effet, pour de nombreuses familles algériennes vivant en France, la hausse des prix des billets d’avion pourrait se traduire par une diminution du nombre de voyages, notamment en période estivale, lorsqu’une forte demande est attendue. Ce changement pourrait aussi avoir un impact sur les relations économiques et sociales entre la France et l’Algérie, notamment en termes de mobilité pour les étudiants, les travailleurs saisonniers et les familles.
Les compagnies aériennes, face à l’inflexibilité de la politique fiscale française, commencent également à réévaluer leur stratégie de développement en France. Ryanair, par exemple, a déjà annoncé une réduction de ses opérations sur le marché français, notamment sur des lignes qui étaient jusque-là particulièrement rentables. Michael O’Leary, le PDG de la compagnie irlandaise, a déclaré que Ryanair allait réduire ses capacités en région de 4 à 5 % cette année, se concentrant sur des marchés plus attractifs, comme l’Italie, où la concurrence fiscale est moins sévère. Une telle décision pourrait marquer le début d’un exode des compagnies aériennes à bas coût du marché français, avec des conséquences sur la disponibilité des vols et, par conséquent, sur les prix pratiqués.
Du côté des autorités, l’objectif de cette hausse est de générer des recettes pour financer des projets d’infrastructure et des programmes d’aide au développement. Cependant, cette mesure soulève des questions sur son efficacité, compte tenu des répercussions qu’elle pourrait avoir sur la compétitivité de l’industrie aérienne française. En effet, si la TSBA contribue à financer des initiatives sociales et écologiques importantes, elle n’en demeure pas moins un fardeau supplémentaire pour un secteur déjà fragile, en particulier pour les passagers qui vont voir leurs tarifs augmenter de manière significative.
La situation actuelle démontre à quel point le marché français du voyage, et en particulier les lignes entre la France et l’Algérie, est sous pression. Si cette taxe vise à soutenir des causes nobles, son impact sur les voyageurs et les entreprises du secteur pourrait bien se traduire par une redéfinition des priorités économiques et stratégiques pour les années à venir. Le secteur aérien français devra sans doute trouver de nouvelles solutions pour s’adapter à ces changements, afin de ne pas perdre de sa compétitivité face aux autres pays européens.
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