Voyage en France : un Algérien condamné à payer 32.020 euros à cause de « AKHA »

Algérien France RSA Algérie Algérienne France dinars exportations algériennes Prêt à taux zéro 2025

Voyage, actualités – Un jeune Algérien, ingénieur en informatique âgé de 26 ans et établi en France, vient d’être condamné pour avoir développé une application au nom évocateur : « Akha ». Ce Franco-Algérien, à l’origine d’un outil technologique controversé, a vu son projet de faciliter les trajets dans les transports franciliens se transformer en une affaire judiciaire aux conséquences lourdes. L’application, téléchargée par plus de 130 000 utilisateurs, permettait à ses membres de signaler, en temps réel, la présence de contrôleurs dans les trains et métros de la région Île-de-France. Un usage devenu rapidement problématique aux yeux de la justice.

Le tribunal correctionnel a tranché le 7 mai dernier : l’Algérien devra verser 20 000 euros de dommages et intérêts à Île-de-France Mobilités, 5720 euros à la RATP et 6300 euros à la SNCF. Une exécution provisoire a été décidée, l’obligeant à régler ces sommes même s’il choisit de faire appel. Ce développement technologique mis en place par l’Algérien, qui trouvait son utilité au sein des trajets du quotidien, notamment ceux liés au voyage en France via les transports publics, a donc été jugé illégal. Pour les autorités, il ne s’agissait pas simplement d’une application numérique, mais d’un outil encourageant la fraude.

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, s’est réjouie de cette décision. Elle a salué une réponse ferme à ce qu’elle qualifie de mise en danger des agents du service public. Dès janvier, elle avait exprimé son indignation sur le réseau X, dénonçant une application qui, selon elle, « facilite la fraude dans les transports » en localisant les contrôleurs. Elle avait immédiatement demandé son retrait des plateformes Google Play et Apple Store, et mis en demeure son fondateur de cesser son activité. L’organisme Île-de-France Mobilités, organisateur du réseau, avait également déposé plainte.

Dans la foulée, le développeur Algérien a été interpellé dans les Yvelines par la Brigade de lutte contre la cybercriminalité. Placé en garde à vue, il a ensuite été présenté au tribunal judiciaire de Paris. Depuis, le site de l’application redirige vers une page indiquant qu’il a été saisi dans le cadre d’une enquête, et que les données collectées seront exploitées pour identifier les utilisateurs. Cette affaire, qui a débuté avec un simple projet numérique, s’est donc soldée par une mise à l’arrêt complète de l’outil, et par des poursuites judiciaires.

Le nom « Akha », utilisé pour l’application, n’a rien d’anodin. Dans certains milieux de la rue, ce mot est utilisé comme une alerte pour signaler la présence des forces de l’ordre. Cette connotation, combinée à la fonction principale de l’outil, a contribué à la sévérité du traitement du dossier. L’application, qualifiée de « Waze » des transports, offrait aux utilisateurs trois options de signalement : retards, situations d’insécurité (comme les pickpockets), et présence de contrôleurs. C’est cette dernière option qui a attiré les foudres de la justice.

L’article L2242-10 du Code des transports est clair : signaler la présence de contrôleurs, par quelque moyen que ce soit, est interdit et passible de deux mois de prison et de 3750 euros d’amende. Dans ce contexte, l’affaire prend un tournant exemplaire pour les autorités, désireuses de faire passer un message ferme. Le lien entre cette affaire et le voyage en France, en particulier pour de nombreux usagers algériens, réside dans l’usage quotidien de ces transports, où l’application avait trouvé son public. De nombreux passagers, souvent issus de milieux modestes, y voyaient un outil utile pour éviter les amendes lors de leurs déplacements.

Mais pour la justice, la légalité prime sur la commodité. Ce projet porté par un Franco-Algérien a ainsi basculé d’une initiative tech à un cas judiciaire lourd de conséquences. Le voyage en France, pour de nombreux usagers, ne sera plus associé à l’aide numérique de cette application. Le nom Akha restera comme un symbole d’un croisement tendu entre innovation, surveillance et lois strictes encadrant les transports. Pour les développeurs comme pour les utilisateurs, cette affaire marque un précédent important dans l’univers des mobilités connectées.