Voyager entre la France et l’Algérie ne sera plus jamais comme avant pour les trabendistes, ces voyageurs habitués à transporter de grandes quantités de marchandises à chaque traversée. La compagnie maritime française Corsica Linea a récemment publié un communiqué annonçant une série de restrictions qui risquent de bouleverser leurs habitudes. Désormais, les autorités portuaires d’Alger ont décidé de serrer la vis en limitant strictement le transport de bagages volumineux et en interdisant certaines catégories de véhicules à l’embarquement. Cette décision, qui s’inscrit dans une volonté de réguler le flux des marchandises entrant en Algérie, va inévitablement affecter les voyageurs qui profitaient des traversées maritimes pour transporter de grandes quantités de produits entre les deux rives de la Méditerranée.
D’après le communiqué de Corsica Linea, l’accès au « Titre de Passage en Douane » sera désormais réservé aux seuls véhicules de tourisme immatriculés à l’étranger. Cette mesure signifie qu’un véhicule doit être enregistré hors d’Algérie pour pouvoir circuler librement une fois sur le territoire national. Pour les habitués des allers-retours chargés de biens destinés à la revente, la nouvelle est un véritable coup dur. Les véhicules fourgons, qu’ils soient tôlés ou vitrés, ainsi que ceux aménagés pour transporter des marchandises au détriment des passagers, sont désormais formellement interdits d’entrée et de sortie du territoire algérien via le port d’Alger. L’objectif affiché par les autorités est clair : empêcher l’entrée massive de produits sans contrôle et limiter le marché parallèle qui prospérait grâce aux failles du système de transport maritime.
France Algérie : coup dur pour les trabendistes et pour certains voyageurs
Autre restriction qui ne passera pas inaperçue, l’interdiction stricte d’accumuler des marchandises et bagages sur le toit des véhicules. Il n’était pas rare, en effet, de voir des voitures et fourgons transformés en véritables petits cargos flottants, transportant tout et n’importe quoi entre la France et l’Algérie. Cette pratique, qui donnait parfois lieu à des scènes spectaculaires lors du débarquement des véhicules, est désormais révolue. Pour les trabendistes, ces mesures signifient une réduction drastique de leurs capacités de transport, mettant fin à un modèle économique qui a longtemps prospéré sur la relative souplesse des réglementations portuaires.
Cette nouvelle politique vise non seulement à mieux encadrer le transport de marchandises, mais aussi à fluidifier le trafic aux ports, notamment celui d’Alger, où les contrôles douaniers prenaient souvent du retard en raison des véhicules surchargés. Les autorités espèrent ainsi réduire les temps d’attente et rendre les procédures plus efficaces pour les voyageurs réguliers. Par ailleurs, cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large de lutte contre la fraude douanière et la contrebande, des phénomènes qui privent l’économie nationale de précieuses recettes fiscales.
Les réactions à ces nouvelles mesures ne se sont pas fait attendre. De nombreux voyageurs réguliers, notamment les trabendistes qui utilisent les ferries desservant l’Algérie au départ de la France pour transporter des produits destinés au commerce informel, voient dans cette décision une entrave à leur activité. Certains dénoncent une volonté d’exclure les petits commerçants au profit des circuits d’importation classiques, tandis que d’autres reconnaissent que cette réglementation était inévitable pour mieux organiser le transport maritime entre les deux pays. Pour les autorités algériennes, il s’agit avant tout d’une question de souveraineté économique et de contrôle du marché.
D’un autre côté, cette restriction pourrait aussi favoriser un retour à une utilisation plus classique des ferries, en tant que moyen de transport pour les familles et les voyageurs touristiques. Avec des véhicules moins encombrés, les conditions de voyage devraient s’améliorer, rendant les traversées plus agréables pour ceux qui ne transportent que leurs bagages personnels. En revanche, les trabendistes devront désormais trouver d’autres alternatives pour faire transiter leurs marchandises, un défi de taille dans un contexte où les autorités multiplient les initiatives pour encadrer strictement les importations.
Cette décision marque un tournant dans les voyages entre la France et l’Algérie. La fin de la tolérance envers les chargements excessifs et les véhicules aménagés pour le transport intensif de marchandises risque de rebattre les cartes pour de nombreux voyageurs. Si certains y voient une amélioration des conditions de transport et un renforcement des contrôles, d’autres y perçoivent une atteinte à un mode de vie bien ancré dans les échanges entre les deux pays. Une chose est sûre : les traversées ne seront plus jamais les mêmes pour ceux qui avaient l’habitude d’exploiter chaque voyage comme une opportunité commerciale.
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