Alors que la tendance mondiale semble aller vers une simplification des formalités de voyage, la Namibie prend une direction différente. Depuis le 1er avril 2025, un visa est désormais obligatoire pour les ressortissants de 33 pays, dont la France, qui jusque-là n’avaient pas besoin d’autorisation préalable pour se rendre sur le territoire namibien. Cette mesure, officiellement prise au nom de la « réciprocité », vise à aligner les exigences d’entrée sur celles imposées aux citoyens namibiens souhaitant visiter ces mêmes pays. Les autorités locales ont expliqué leur décision en déclarant que, « à la lumière de cette disparité, le gouvernement a donc jugé nécessaire de mettre en place une obligation de visa pour garantir la parité et l’équité dans les interactions diplomatiques ». Les Franco-Algériens souhaitant visiter la Namibie, sont donc désormais contrainter une demande de visa.
L’instauration d’un visa impacte directement les Franco-Algériens souhaitant visiter la Namibie, eux aussi désormais soumis à cette nouvelle contrainte administrative. Concrètement, l’instauration de cette obligation s’inscrit dans une logique d’égalisation des conditions d’accès, mais elle pourrait avoir des conséquences économiques importantes. Le précédent sénégalais, il y a quelques années, en constitue un exemple parlant. À l’époque, le Sénégal avait lui aussi introduit une obligation de visa pour les ressortissants français et d’autres nationalités, ce qui avait provoqué une chute brutale du tourisme. Les voyageurs, confrontés à des démarches supplémentaires et à des frais additionnels, avaient massivement choisi d’autres destinations, obligeant finalement Dakar à revenir en arrière pour sauver son industrie touristique.
La Namibie pourrait bien connaître une situation similaire. Le pays, qui tire une part significative de ses revenus du tourisme, prend un risque considérable en introduisant cette barrière administrative. Parmi les nationalités désormais concernées figurent non seulement la France, mais aussi l’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, la Suisse, la Belgique et une dizaine d’autres pays européens. Il est important de noter que ces pays représentent à eux seuls presque un million de visiteurs potentiels par an selon les statistiques de fréquentation touristique namibienne. Bien que l’Afrique du Sud, premier marché émetteur, ne soit pas touchée par cette nouvelle obligation, le poids des autres nationalités concernées reste déterminant pour l’économie touristique locale.
Sur le plan pratique, la mise en place de cette obligation de visa se veut cependant relativement souple. Les voyageurs doivent obtenir un e-Visa en passant par une plateforme officielle. Le processus prévoit de remplir un formulaire en ligne, d’envoyer une photo d’identité ainsi qu’une copie du passeport, et de régler les frais de traitement. Le coût du visa est fixé à environ 82 €, donnant droit à un séjour pouvant aller jusqu’à 90 jours avec la possibilité d’effectuer plusieurs entrées pendant cette période. Pour ceux qui n’auraient pas fait les démarches à l’avance, il sera également possible d’obtenir le visa directement à l’arrivée aux principaux ports, aéroports et postes-frontières du pays.
À l’heure où le Vietnam prolonge jusqu’en 2028 l’exemption de visa pour les Français afin de dynamiser ses flux touristiques, le choix de la Namibie de durcir l’accès à son territoire interroge. Dans une industrie aussi sensible aux variations de flux et de procédures que le tourisme, toute barrière supplémentaire peut rapidement devenir un frein majeur. L’histoire récente a montré que la réciprocité, bien qu’équitable sur le papier, n’est pas toujours économiquement avantageuse lorsque les flux touristiques sont massivement déséquilibrés entre les pays. Reste à voir si la Namibie maintiendra cette nouvelle politique sur le long terme ou si elle sera amenée, à l’instar du Sénégal autrefois, à revoir sa copie pour préserver son attractivité internationale.